Alors que le mouvement pour l'exclure du caucus libéral prend de l'ampleur, l'ancienne ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould a décidé de plaider sa cause pour éviter un tel châtiment en envoyant une lettre de deux pages à ses collègues.

Dans une longue introduction, elle se porte à la défense des grands principes que défend le Parti libéral du Canada, rappelant notamment que son parti a promis de faire de la politique autrement. «Je crois profondément que le premier ministre partage aussi cette vision».

C'est dans cet esprit qu'elle défend ses gestes qui ont provoqué l'affaire SNC-Lavalin: «Je n'ai eu aucune hésitation de défendre ce que je crois être juste et nécessaire pour le pays depuis septembre 2018 concernant le dossier de SNC-Lavalin».

Du même souffle, elle reconnaît que ces gestes ont provoqué la colère de ses pairs. «Je sais que plusieurs d'entre vous sont fâchés, blessés et frustrés. Et franchement, moi aussi je le suis. Je suis fâchée, blessée, et frustrée parce que je sens et je crois que je défendais les valeurs que nous nous sommes tous engagés à défendre», écrit-elle.

Comme elle l'a dit clairement durant la conversation téléphonique avec le greffier du Conseil privé, Michael Wernick, enregistrée à son insu le 19 décembre et rendue publique vendredi dernier, Mme Wilson-Raybould rappelle de nouveau qu'elle tentait de «protéger le premier ministre et le gouvernement d'un terrible dégât».

Rappelant ses origines autochtones, l'ancienne ministre a dit croire qu'elle défend la vérité, comme ses ancêtres le lui ont toujours enseigné. «Ultimement, le choix qui est devant vous est de savoir à quel genre de parti vous voulez appartenir».

Avenir au sein du caucus

Aujourd'hui, le sort que le caucus libéral va réserver à Jody Wilson-Raybould et sa collègue démissionnaire Jane Philpott est sur toutes les lèvres.

Selon nos informations, la décision d'exclure les ministres démissionnaires, Jody Wilson-Raybould et Jane Philpott, du caucus libéral était d'ailleurs unanime parmi les présidents des caucus régionaux, qui se sont réunis extraordinairement lundi soir pour discuter de la question.

Le cas Mme Philpott faisait d'ailleurs l'objet de discussions au caucus des députés ontariens, aujourd'hui, durant une réunion extraordinaire en début d'après-midi.  

La principale intéressée a quitté la salle de réunion moins de dix minutes après y avoir fait son entrée. Elle n'a pas voulu dire si on lui avait demandé de quitter ou si elle le faisait de son propre chef - «par respect pour (ses) collègues», a-t-elle argué.

Des membres de la députation ontarienne ont déclaré qu'on devait lui montrer la porte à elle aussi. Le député John McKay a plaidé que les deux ministres démissionnaires étaient «étroitement liées» pour justifier sa position.

À son arrivée au Parlement, en matinée, l'ancienne présidente du Conseil du trésor disait ignorer si elle serait chassée de l'équipe libérale. «Je n'ai pas d'information à ce sujet, mais je suis heureuse de poursuivre mon travail de députée», a-t-elle dit à la caméra de TVA.

Et alors qu'elle allait s'engouffrer dans l'édifice de l'Ouest, lorsqu'on lui a demandé si elle appuyait toujours Justin Trudeau, elle a pris la peine de revenir sur ses pas pour répondre à la question.

«Je soutiens le premier ministre. Il y a un enjeu pour lequel j'ai un problème de confiance, mais de façon générale, je soutiens le premier ministre et notre gouvernement», a-t-elle offert.