Après avoir imposé un marathon de votes record il y a deux semaines à la Chambre des communes pour punir les libéraux de Justin Trudeau d'avoir refusé de permettre à l'ancienne ministre Jody Wilson-Raybould de témoigner une seconde fois devant le comité de la justice, voilà que le Parti conservateur utilise un autre stratagème parlementaire pour forcer la main au premier ministre.

Le critique en matière de Finances, Pierre Poilievre, entreprendra aujourd'hui un discours marathon aux Communes sur le budget déposé le 19 mars par le ministre des Finances Bill Morneau. Et il va discourir tant et aussi longtemps que le premier ministre ne cédera pas à la demande des conservateurs qui veulent rouvrir l'enquête parlementaire sur l'affaire SNC-Lavalin et permettre à Jody Wilson-Raybould, entre autres témoins, de se faire entendre à nouveau.

M. Poilievre entend donc profiter d'une règle de la Chambre des communes qui accorde un temps illimité au porte-parole de l'opposition officielle pour répondre aux mesures contenues dans le budget fédéral.

En point de presse dans le foyer de la Chambre des communes avant d'entreprendre son discours marathon, M. Poilievre a soutenu qu'il reste au moins une douzaine de témoins ayant une connaissance directe « de l'ingérence du premier ministre pour mettre fin au procès criminel contre SNC pour fraude et corruption » à entendre, notamment les proches collaborateurs de M. Trudeau, Elder Marques et Mathieu Bouchard, et la chef de cabinet du premier ministre, Katie Telford.

M. Poilievre croit que M. Trudeau lui-même devrait venir s'expliquer devant un comité parlementaire, à la lumière de la conversation téléphonique entre Mme Wilson-Raybould et l'ancien greffier du Conseil privé, Michael Wernick, du 19 décembre dans laquelle l'ancienne ministre soutient qu'elle juge « inappropriées » les pressions dont elle a été l'objet par le bureau du premier ministre pour éviter à SNC-Lavalin un procès criminel. Mme Raybould-Wilson a enregistré la conversation et en a remis l'audio au comité de la justice la semaine dernière.

« Je cesserai de parler et je céderai la parole quand Justin Trudeau mettra fin au camouflage et permettra à tous les acteurs de témoigner dans ce scandale », a affirmé M. Poilievre.  

Cette nouvelle manoeuvre des conservateurs survient alors que de plus en plus de députés libéraux réclament ouvertement l'expulsion de Mme Wilson-Raybould et de Jane Philpott, l'ancienne présidente du Conseil du Trésor qui a démissionné le mois dernier en disant ne plus avoir confiance dans la gestion de l'affaire SNC-Lavalin par le gouvernement Trudeau.

Le caucus libéral pourrait prendre une décision à ce sujet d'ici mercredi, selon des informations rapportées par CBC en fin de semaine.