Des groupes qui s'opposent au projet de loi sur la laïcité de l'État n'y sont pas allés de main morte pour le dénoncer, affirmant notamment qu'il est « raciste », qu'il présume que seul un homme blanc hétérosexuel peut être impartial et que les femmes musulmanes voilées vont subir « de la violence au quotidien » s'il est adopté.

Ces sept groupes ont tenu une conférence de presse, vendredi à Montréal, pour demander le retrait du projet de loi sur la laïcité de l'État, déposé jeudi par le ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, Simon Jolin-Barrette.

Safa Chebbi, de la Table de concertation contre le racisme systémique, a affirmé que le projet de loi était carrément « raciste ». « Il est temps de cesser ce déni du racisme. La négation du racisme ou de l'islamophobie au Québec est un déni de la réalité de plusieurs Québécois et Québécoises. Et si on est arrivé ici aujourd'hui, c'est parce que l'islamophobie est devenue criante et acceptable dans notre société », a-t-elle lancé.

Idil Issa, vice-présidente de la Fondation Paroles de femmes, a soutenu que le projet de loi a comme sous-entendu que seul un homme blanc et hétérosexuel peut être impartial au Québec. « Les femmes musulmanes voilées sont très visibles et identifiables et vont subir, en plus de la perte de leurs emplois ou opportunité de carrière, de la violence et de la stigmatisation au quotidien, si cette loi passe. »

De son côté, France-Isabelle Langlois, directrice générale d'Amnistie internationale pour le Canada francophone, a affirmé que le projet de loi sur la laïcité de l'État contrevenait à la Déclaration universelle des droits de l'Homme, « qui garantit le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion, ainsi que la liberté de manifester sa religion, tant en public qu'en privé ».

« En reniant nos engagements internationaux, nous minons notre crédibilité internationale », a-t-elle ajouté.

À la Fédération des femmes du Québec, la vice-présidente Marlihan Lopez a renchéri : « cette loi contribue à la création d'espaces publics qui leur sont collectivement hostiles : isolement, barrière à l'accès des services publics, violation des droits civiques, les répercussions sont innombrables pour les femmes visées, à la fois hyper visibles, mais également exclues du débat public qui les concerne ».

Élisabeth Garant, du Centre justice et foi, a aussi demandé le retrait du projet de loi.

Participaient aussi à la conférence la Ligue des droits et libertés et le Conseil régional FTQ du Montréal métropolitain.