(Québec) Le premier ministre François Legault se plaît à dire qu’il remplira toutes ses promesses électorales. Mais qu’en est-il vraiment ? Un examen attentif démontre que ce n’est pas toujours le cas.

La promesse : Ouvrir 5000 classes de maternelles 4 ans partout au Québec au coût de 120 000 $ par classe.

PHOTO YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL

La réalité : Le projet de loi 5 permettant le déploiement de la maternelle 4 ans universelle a bel et bien été adopté en octobre. Cependant, le gouvernement ne parle plus d’ouvrir 5000 classes, mais bien 2600 classes. Et il ne s’agit plus de débourser 120 000 $ en moyenne pour chaque classe, mais bien 800 000 $, soit six fois ce qui a été promis en campagne électorale. Le coût total de la construction est donc passé de 153 millions à plus d’un milliard. François Legault s’est défendu en disant qu’il est difficile de faire des prévisions. Plus tard, il a tout de même admis qu’à titre d’ex-ministre de l’Éducation, il savait depuis longtemps qu’une classe au Québec coûtait en moyenne 800 000 $.

La promesse : Retrancher 1 milliard par année de la rémunération des médecins spécialistes.

PHOTO COLLÈGE ROYAL DES MÉDECINS ET CHIRURGIENS DU CANADA

La réalité : Le gouvernement Legault a conclu une entente avec les médecins spécialistes, mais on est loin du milliard par année. Il prévoit une ponction de 1,6 milliard sur quatre ans dans leur enveloppe de rémunération. Cet argent sera réinvesti dans la médecine spécialisée, au bénéfice des Québécois, s’est réjouie la présidente de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), Diane Francœur. Elle a identifié la création d’un nouvel Institut de la pertinence comme étant le « cœur » de l’entente. Cet institut, composé de membres du gouvernement et de la FMSQ, sera chargé de gérer les 1,6 milliard. Il pourra décider notamment d’ajouter du personnel infirmier dans les blocs opératoires. Il sera également appelé à éliminer des actes jugés non pertinents et à abolir des primes. Il est loin d’être acquis que les médecins spécialistes verront leurs honoraires baisser par conséquent.

La promesse : Tenir les prochaines élections générales en 2022 avec un nouveau mode de scrutin.

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La réalité : En 2022, les Québécois devront plutôt indiquer par référendum s’ils souhaitent changer de mode de scrutin, contrairement à ce qu’avait promis François Legault. Le projet de loi 39, présenté cet automne par la ministre de la Justice, Sonia LeBel, propose de renoncer au mode de scrutin actuel uninominal à un tour pour le remplacer par un mode de scrutin proportionnel mixte avec compensation régionale. Partout où un tel référendum a été tenu dans d’autres provinces canadiennes (en Ontario, en Colombie-Britannique et à l’Île-du-Prince-Édouard), le statu quo a prévalu. Pour justifier la volte-face de son gouvernement, M. Legault a admis qu’il avait « sous-estimé l’ampleur et la complexité des changements que cela implique ».

La promesse : Rembourser aux Québécois 1,5 milliard en trop-perçus d’Hydro-Québec.

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La réalité : Bien qu’elle ne l’ait jamais inscrit clairement dans son programme électoral, la CAQ avait martelé dans l’opposition qu’il fallait rembourser aux Québécois 1,5 milliard en trop-perçus. Une fois arrivée au pouvoir, elle n’en a rien fait. Cédant à la pression, le gouvernement caquiste s’est finalement résigné à déposer un projet de loi en juin qui, prétendait-il, allait permettre ce remboursement. La pièce législative, qui tout à coup incluait un affaiblissement de la Régie de l’énergie, a été démolie par les experts et les partis d’opposition. Selon eux, non seulement les Québécois ne seront pas remboursés pour la totalité du montant, mais ils souffriront à l’avenir d’augmentations de tarifs d’électricité. Le projet de loi a été adopté sous bâillon en décembre.

La promesse : Accorder le même nombre de semaines de congés parentaux aux familles adoptantes et biologiques.

La réalité : Le ministre du Travail, Jean Boulet, a déposé en novembre un projet de loi bonifiant le Régime québécois d’assurance parentale (RQAP). Or, il n’a pas respecté la promesse électorale de la CAQ d’augmenter à 55 le nombre de semaines de prestations pour les parents adoptants « pour qu’ils bénéficient des mêmes avantages que les parents biologiques ». En vertu du projet de loi, les familles adoptantes auraient plutôt droit à 42 semaines, et à un maximum de 52 semaines lors d’adoptions hors Québec. Talonné par la députée péquiste Véronique Hivon, ainsi que par la Fédération des parents adoptants du Québec (FPAQ), le ministre s’est révisé et a finalement accepté d’offrir aux familles adoptantes des congés supplémentaires, mais à l’extérieur du RQAP. Il n’a toutefois pas précisé comment il entendait y arriver.