(Ottawa) Justin Trudeau ne cherche « pas du tout de la chicane » avec les provinces, mais cette « chicane » pourrait rapidement le trouver, au Québec.

Dans une entrevue de fin d’année avec La Presse canadienne mercredi, le premier ministre a maintenu les mêmes positions sur tous les sujets qui lui ont attiré les critiques des Québécois et de leur gouvernement durant la campagne électorale de l’automne.

« Oui, il y a des partis d’opposition au Québec, mais c’est encore le Parti libéral du Canada qui a le plus de sièges au Québec et qui a eu le plus de votes au Québec », a-t-il argué.

Pas question, donc, d’assouplir sa position sur la Loi sur la laïcité ou sur le nombre d’immigrants que Québec doit recevoir. Et puis, il s’apprête à patauger joyeusement dans les platebandes provinciales, ayant donné le mandat à sa ministre de la Santé de « veiller à ce que les Canadiens aient accès à un médecin de famille ».

Tout de même, il maintient que sa relation avec François Legault est « très bonne », à preuve la récente rencontre des deux hommes à Montréal.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Rencontre du 13 décembre du premier ministre du Canada
, Justin Trudeau, et du premier ministre du Québec, François Legault

« Quand j’ai eu la rencontre avec M. Legault, on a passé la liste […] des différents enjeux et on va continuer de travailler dans le respect et dans la collaboration », a-t-il assuré.

« L’immigration, justement, on a eu des conversations sur comment on contre bien la pénurie de main-d’œuvre et nos équipes vont travailler ensemble là dessus », a-t-il dit, reprenant le même discours qu’avant les élections d’octobre.

« On n’est pas en train de les ignorer du tout », a-t-il dit à propos des demandes du Québec dans ce dossier et dans d’autres. « Mais on est en désaccord sur certains des éléments », a-t-il ajouté.

Pour ce qui est du mandat de la ministre de la Santé, Patty Hajdu, il a fait remarquer qu’il a déjà proposé quelque chose de semblable dans son premier mandat, lorsqu’il a été question de santé mentale et de soins à domicile. Les provinces devraient donc collaborer pour l’accès aux médecins de famille.

« On n’a pas à se chicaner sur ce qu’on veut. On l’a entendu clairement, des citoyens et des provinces, que c’est une de leurs priorités », a affirmé M. Trudeau.

La dernière fois que les provinces ont eu à négocier en santé, le débat avait été houleux. Ottawa avait réduit les transferts fédéraux, mais offert des fonds ciblés aux provinces pour les soins à domicile et la santé mentale.

Le Québec avait conclu une entente asymétrique avec le gouvernement fédéral pour que ces sommes soient dépensées selon ses besoins, sans conditions.

Pour ce qui est du différend entre lui et M. Legault sur la Loi sur la laïcité, il refuse de parler de conflit, préférant le mot « désaccord ».

« (M. Legault) est en train d’avoir des propos avec lesquels il sait très bien que je suis en désaccord. Mais on n’a pas besoin d’en faire une chicane », a-t-il conclu.