Le gouvernement Legault a déposé mercredi son très attendu livre vert sur la réalité policière. Cinq experts ont été mandatés par Québec afin de mener des consultations et proposer à l’automne 2020 des solutions pour moderniser la loi sur la police et améliorer le lien de confiance entre les organisations policières et les citoyens.

« On ne se mettra pas la tête dans le sable »

L’ex-juge Nicole Gibeault est l’une des expertes qui ont été mandatés par la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, pour mener des consultations publiques et privées afin de « parfaire le modèle de la police au Québec ». Avec les enquêtes qui trainent en longueur à l’UPAC et d’autres événements qui ont secoué différents corps policiers ces derniers mois, Mme Gibeault est claire : « la confiance du public est au plus bas ». « [Et] la confiance, c’est la fondation de la police. […] Si la fondation est toute croche, ça va mal aller », a-t-elle dit mercredi.

Un an pour présenter des conclusions

Le comité de travail auquel fait partie Mme Gibeault doit déposer ses recommandations d’ici à la fin de l’automne 2020. L’ex-juge travaillera notamment avec Bernard Sévigny, ex-président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et ancien maire de Sherbrooke. Ce dernier agira à titre de coordonnateur et de porte-parole du comité. Ils seront également appuyés dans leurs travaux de Marlene Jennings, à qui le gouvernement Legault a déjà confié la tutelle de la Commission scolaire English-Montréal (CSEM), d’Alexandre Matte, ex-directeur de police à Québec et de Louis Côté, ex-officier de la Sûreté du Québec. S’ils n’ont pas le pouvoir d’exiger d’une personne qu’elle témoigne devant eux, ces derniers se sont dits confiants, mercredi, qu’ils devront au contraire gérer l’affluence des gens qui veulent les rencontrer.

Des modifications législatives

Au terme des consultations, la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, entend bien modifier la loi sur la police. Celle-ci n’a pas fait l’objet de réformes depuis maintenant près de 20 ans. « Et depuis 20 ans, force est de constater que notre environnement a énormément évolué, ce qui a amené plusieurs changements, entre autres, avec l’arrivée des nouvelles technologies, et ces profonds changements ont eu une incidence directe et significative sur la façon dont nos policiers doivent travailler », a dit Mme Guilbault. Faut-il dire pour autant qu’il y a une crise de confiance envers les policiers ? Le président de l’Association des directeurs de police et directeur du Service de police de la Ville de Québec (SPVQ), Robert Pigeon, ne le croit pas. Au contraire, a-t-il dit mercredi, les sondages de l’association indiquent que les citoyens font confiance en leurs policiers. Cela ne veut pas dire que des réformes ne sont pas nécessaires. « La confiance, c’est fondamental. […] Il faut absolument traiter ça comme un diamant. »

« Modernité, confiance, efficience »

Le livre vert sur la réalité policière, qui a pour titre « Modernité, confiance, efficience », aborde une multitude d’enjeux. Comme La Presse le rapportait ces dernières semaines, les questions de la cybercriminalité et de la santé mentale des policiers sont largement abordées. Le livre vert rappelle aussi que le nombre de plaintes reçues par le commissaire à la déontologie policière a continuellement augmenté de 2014 à 2019. Si « le taux de criminalité au Québec a diminué de près de 36 % » au cours de la dernière décennie, « les crimes contre la personne […] sont en recrudescence ». « Cette hausse s’explique en partie par la progression des infractions à caractère sexuel et de harcèlement », est-il écrit. Les questions du crime organisé, du profilage racial et du financement des corps policiers sont aussi abordées.