(Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau est catégorique : la version modifiée de l’ALENA 2.0 est un pacte commercial qui sera bénéfique à l’ensemble des secteurs de l’économie canadienne, y compris l’industrie de l’aluminium. Son gouvernement écarte donc l’idée d’accorder des compensations à cette industrie, malgré les critiques formulées par l’Association de l’aluminium du Canada, et il entend prendre tous les moyens pour assurer la ratification de l’accord commercial, finalisé mardi à Mexico.

Alors qu’il s’apprêtait à rencontrer son caucus libéral, M. Trudeau a tenu à défendre la nouvelle entente, tout comme l’ensemble de ses ministres.

Selon le premier ministre, le Canada a obtenu des gains importants qui vont garantir à l’industrie un accès au précieux marché nord-américain.

« C’est une très bonne résolution pour les producteurs d’aluminium. Il y a eu de très importants gains et on est très content de pouvoir continuer d’appuyer les producteurs d’aluminium. Ce sont des gains. Nous avons des protections pour les producteurs d’aluminium et ce sont des très bonnes nouvelles », a soutenu le premier ministre mercredi matin.

Un refrain qu’ont repris à leur compte plusieurs ministres du Québec. « Je peux vous dire que, moi, je suis très contente qu’on ait signé le nouvel accord puis quand on compare avec l’ancien ALENA, pour le secteur de l’aluminium […] c’est un gain », a déclaré la ministre du Revenu national Diane Lebouthillier.

Le gain qu’évoque le gouvernement Trudeau concerne la garantie que 70 % de l’aluminium utilisé dans la construction d’automobiles doit provenir du continent nord-américain – une clause qui n’existait dans l’ALENA qui été conclu en 1993.

Après des mois d’incertitude entourant la nouvelle mouture de cet accord de libre-échange nord-américain, la vice-première ministre du Canada, Chrystia Freeland s’est rendue dans la capitale mexicaine mardi pour apposer sa signature aux côtés de celles de ses vis-à-vis américain et mexicain, Robert Lighthizer et Jesus Seade.

Le déblocage attendu est survenu après que les élus démocrates au Congrès américain eurent obtenu les changements qu’ils réclamaient depuis quelques mois afin d’améliorer les clauses touchant notamment les droits des travailleurs au Mexique et la protection de l’environnement.

Mais selon l’Association de l’aluminium du Canada, la dernière version de l’accord, une fois ratifié, va permettre au Mexique « de continuer d’importer à sa guise du métal en provenance de Chine », ce qui aura des répercussions sur le marché nord-américain, affectant la compétitivité des alumineries québécoises.

L’Association déplore que la nouvelle entente exclut « une définition de la règle d’origine » de l’aluminium provoquant une grave « une entaille » dans le marché.

« L’avantage ainsi conféré au Mexique en fait ni plus ni moins la cour arrière de la Chine pour disposer des produits de sa surcapacité, engendrant du fait même la délocalisation progressive des transformateurs nord-américains vers le Mexique », a déploré le président du regroupement, Jean Simard.