Alors que Pékin vient de signaler qu’un procès se profile à l’horizon pour Michael Kovrig et Michael Spavor, les conservateurs sont parvenus à fédérer suffisamment de votes pour créer un comité spécial chargé d’examiner les relations entre le Canada et la Chine.

La motion déposée aux Communes mardi – au jour du 1er anniversaire de l’arrestation des deux Canadiens – a été approuvée à 171 votes contre 148. Les bloquistes, les néo-démocrates, les verts et l’indépendante Jody Wilson-Raybould l’ont endossée.

Tous les libéraux présents en Chambre ont voté contre.

Le libellé de la motion prévoit la création d’un comité composé de 12 députés, dont six libéraux, et stipule que «s’il le juge nécessaire», il peut convoquer le premier ministre, le ministre des Affaires étrangères ainsi que l’ambassadeur du Canada en Chine.

De manière plus large, son adoption est la première preuve tangible du pouvoir que détiennent dorénavant les partis d’opposition, qui cumulent ensemble davantage de sièges que les libéraux.

Car dans une situation de gouvernement majoritaire, les motions de l’opposition sont plus souvent qu’autrement battues. Elles sont aussi généralement teintées politiquement à l’image du parti qui les met de l’avant.

La ministre du Développement international, Karina Gould, avait plaidé à la période des questions en Chambre que des comités déjà existants pouvaient très bien s’acquitter de la tâche de se pencher sur les liens diplomatiques sino-canadiens.

Un procès pour les Michael?

La journée du 10 décembre marquait le premier anniversaire de l’arrestation, en Chine, des deux Michael. Leur interpellation survenait peu après celle, au Canada, de la femme d’affaires de la société Huawei, Meng Wanzhou, à la demande des États-Unis.

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Meng Wanzhou devant sa résidence à Vancouver.

C’est ce jour qu’a choisi le gouvernement chinois pour annoncer que leur cas pourrait se transporter devant les tribunaux, une porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hua Chunying, ayant affirmé que leurs dossiers avaient été remis à des procureurs.

«Les autorités judiciaires chinoises traitent les dossiers dans le strict respect de la loi, et protègent les droits légaux des deux Canadiens», a-t-elle indiqué aux journalistes, selon une traduction d’une déclaration disponible sur le site du ministère.

Le régime allègue que les deux hommes ont menacé la sécurité de l’État. En Chine, lorsque de telles accusations sont portées, il est extrêmement rare qu’elles ne mènent pas à des condamnations.

Ottawa réclame de concert avec plusieurs de ses alliés la libération «immédiate» de ses ressortissants. Le ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, y voit sa «priorité absolue» et en a discuté avec son homologue chinois au dernier G20.

Selon une kyrielle d’observateurs, les Canadiens font les frais du bras de fer commercial dans lequel sont engagés les États-Unis et la Chine. Un constat qu’ont réitéré quelques dirigeants de l’organisation International Crisis Group, où œuvre Michael Kovrig.

«Michael n’est qu’un pion dans une joute géopolitique», ont-ils déploré dans une lettre ouverte parue dans le Washington Post. La juge canadienne à la retraite Louise Arbour, qui a présidé l’ONG, figure parmi les cosignataires de la missive.