(Québec) Le gouvernement Legault confirme dans sa nouvelle politique internationale sa détermination à donner la priorité absolue à l’économie dans les relations du Québec avec l’étranger.

Il émane clairement du document d’une soixantaine de pages, dont La Presse canadienne a obtenu copie jeudi, une vision affairiste du rayonnement du Québec à l’étranger.

Avec le gouvernement caquiste, on passe clairement d’une ère de diplomatie d’« influence », plus politique, à une diplomatie économique, basée sur une relation d’affaires entre le Québec et le monde.

La nouvelle vision gouvernementale, intitulée « Le Québec : Fier et en affaires partout dans le monde », sera rendue publique ce vendredi par la ministre des Relations internationales, Nadine Girault, à Montréal.

Seront aussi présents, notamment, le président du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), Pierre Lemonde, et le président de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Stéphane Forget.

« L’action internationale du Québec contribuera ainsi davantage à la fois à attirer les investissements étrangers, à accroître les exportations, à recruter la main-d’œuvre et les talents ainsi qu’à promouvoir l’innovation québécoise, le tout dans une perspective de développement durable », peut-on lire dans le document.

Dans son mot de présentation, le premier ministre François Legault donne le ton dès la première phrase : « Depuis plus d’un an, notre gouvernement s’affaire à renforcer la présence économique du Québec à l’étranger. Notre équipe de ministres multiplie les missions pour présenter les atouts du Québec et pour faire rayonner notre culture, nos talents et nos entreprises. »

Essentiellement, les grands axes de la politique étaient déjà connus : attirer davantage d’investisseurs étrangers et trouver de nouveaux marchés pour les PME du Québec.

En matière d’exportations, le gouvernement se donne des objectifs ambitieux.

En 2018, la valeur des exportations internationales de biens et de services représentait près de 30 % du PIB. D’ici cinq ans, Québec veut faire grimper cette proportion à 50 % de la valeur du PIB.

Le gouvernement cherchera à diversifier les marchés d’exportation, conscient que 70 % des biens exportés par le Québec vont vers les États-Unis.

Une stratégie spécifique viendra plus tard « aider nos entreprises à s’implanter dans de nouveaux pays ».

Le gouvernement Legault veut « décupler la force économique du Québec à l’étranger », en faisant en sorte d’être beaucoup plus proactif dans les démarches effectuées pour attirer d’éventuels investisseurs.

Comme jamais, le réseau diplomatique du Québec sera mis à contribution pour la prospection d’investisseurs et de nouveaux marchés.

Les chefs de poste devront assurément soutenir activement le virage économique du gouvernement. Ils auront désormais des cibles à atteindre sur leur territoire respectif.

Le Québec compte 33 représentations implantées dans 18 pays, soit 8 délégations générales, 5 délégations (dont 4 aux États-Unis), 13 bureaux, 5 antennes et 2 représentations en affaires multilatérales. Le document ne fait mention d’aucune intention d’augmenter ce nombre ou de revoir la répartition des représentations.

Mais le gouvernement dit vouloir « réinventer » ses représentations du Québec à l’étranger, pour en faire des carrefours d’appui, qu’il s’agisse d’artistes, d’investisseurs ou d’entrepreneurs.

On veut en faire de « véritables vitrines économiques de la modernité québécoise », et sur le plan physique des « espaces ouverts, numériques, collaboratifs et innovants ».

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Nadine Girault

Aux yeux de la ministre Girault, il importe désormais « d’augmenter notre force de frappe économique et reconnaître à nos chefs de poste à l’étranger un rôle prédominant dans l’atteinte de nos objectifs économiques sur l’ensemble des marchés internationaux », écrit-elle dans sa politique.

Les chefs de poste feront d’ailleurs une brève apparition durant la conférence de presse, par la voie de capsules vidéo.

Pour assurer ce rayonnement économique, Investissement Québec ne sera jamais loin, notamment par l’intermédiaire de sa nouvelle filiale Investissement Québec International.

Investissement Québec disposera à terme de moyens renforcés pour déployer ses actions à travers le réseau des délégations. On verra à accompagner les entreprises étrangères non présentes au Québec pour les aider à s’y implanter.

On visera également les filiales d’entreprises étrangères installées sur le territoire québécois, afin qu’elles y réinvestissent et y fassent croître leurs activités.

La cible retenue par le gouvernement est de doubler d’ici cinq ans les investissements privés sous contrôle étranger effectués au Québec.

Le gouvernement va donc dans les prochaines années multiplier les missions à l’étranger et accueillir davantage de délégations d’investisseurs étrangers.

On va aussi ouvrir les bras aux diverses organisations internationales, pour les inviter au Québec, et augmenter le démarchage destiné à accueillir chez nous davantage d’événements internationaux, source importante de retombées économiques.

Le gouvernement veut aussi miser sur ses ressources naturelles pour accroître son rayonnement économique international.

« À l’échelle mondiale, l’évolution des technologies entraîne une augmentation marquée de la demande de ressources naturelles, notamment des métaux critiques et stratégiques tels que le lithium, le graphite et les éléments de terres rares, pour lesquels il existe des possibilités de production au Québec », peut-on lire dans le document.

Le gouvernement réaffirme son intention de remodeler sa politique d’immigration et de recrutement d’étudiants étrangers.

Le gouvernement confirme aussi son projet de revoir le mandat de l’émissaire de la lutte aux changements climatiques, Jean Lemire, pour ajouter à ses tâches un volet économique de prospection d’investisseurs et de marchés.

Il dirigera une équipe formée de représentants de plusieurs ministères.

On n’a pas oublié les artistes, toujours sous l’angle économique.

Québec veut appuyer les artistes, les entreprises et les organismes culturels dans leurs actions de développement de marchés internationaux. On veut par exemple renforcer le soutien aux tournées ainsi qu’à la diffusion et à l’exportation des productions culturelles québécoises.

Le gouvernement confirme aussi la création d’un Institut de la diplomatie du Québec, destiné à mieux former les futurs diplomates du Québec.