(Ottawa) Andrew Scheer s’accroche à la barre du navire conservateur. « Je reste pour mener le combat ; les Canadiens nous ont élus pour le mener », a-t-il martelé jeudi

« J’ai l’appui de mon équipe, j’ai l’appui de notre caucus, j’ai l’appui de millions de Canadiens », a-t-il tranché en conférence de presse dans le foyer des Communes.

« Ce n’est pas le temps des chicanes internes politiques », a insisté le chef conservateur qui voit le « vrai test » sur son leadership arriver en avril.

Il a cependant refusé de fixer un seuil pour le vote de confiance auquel il devra se soumettre au congrès qui se tiendra à Toronto en avril prochain.

« Je vais demander aux membres un mandat clair pour continuer », s’est-il contenté d’offrir au lutrin.

Andrew Scheer a été bombardé de questions sur la précarité de sa situation comme chef, alors que plusieurs membres du caucus l’exhortent à céder les rênes du parti.

Les voix sont de plus en plus nombreuses à le réclamer.

Les sénateurs Claude Carignan et Jean-Guy Dagenais, notamment, ont fait entendre la leur récemment.

À leur insatisfaction s’est apparemment ajoutée celle de l’ancienne députée Lisa Raitt, qui a perdu son siège dans la circonscription de Milton le 21 octobre dernier.

L’agence Postmedia a rapporté que l’ancienne ministre a convenu qu’un consensus se dessinait au sein des membres concernant le leadership d’Andrew Scheer.

Ce dernier ne serait ainsi « pas assez solide » pour comme chef, a déclaré Mme Raitt, qui ne va toutefois pas jusqu’à souscrire à cette position, selon Postmedia.

La grogne était de fait considérable lundi dernier à Montréal, lors d’une session avec des candidats défaits qui aurait pris des airs de séance de défoulement collective.

Andrew Scheer a apparemment eu droit à d’acerbes critiques lors de la rencontre qui s’est tenue derrière des portes closes.

Il avait pourtant tenté de calmer le jeu en remerciant deux collaborateurs, soit son chef de cabinet Marc-André Leclerc et son directeur des communications Brock Harrison.

Une transfuge chef adjointe

Le chef Scheer avait convoqué la presse jeudi matin pour dévoiler la composition de son équipe d’officiers parlementaires.

Il a confié le poste de chef adjointe à Leona Alleslev, une députée transfuge venue des libéraux. L’élue ontarienne a traversé la Chambre en septembre 2018.

« Elle est venue vers nous parce qu’elle croit à ma vision et à notre vision conservatrice pour le Canada », a argué Andrew Scheer, avec à ses côtés sa nouvelle recrue.

La nomination de l’ancienne ouaille de Justin Trudeau en a fait sourciller au sein du caucus conservateur, selon nos informations.

Elle a aussi inspiré une raillerie à une ancienne directrice des politiques de Stephen Harper.

« Très bon choix, surtout considérant son implication de longue date au sein du Parti conservateur », a ironisé Rachel Curran sur Twitter, jeudi.

L’équipe de direction parlementaire demeure sinon inchangée, avec notamment le retour du député Alain Rayes comme lieutenant du Québec.

Si ce dernier brillait par son absence, il ne faut pas y voir un désaveu, a argué Andrew Scheer.

La Manitobaine Candice Bergen conserve la responsabilité de leader aux Communes, et Mark Strahl, celle de whip en chef de l’opposition officielle.

Singh ne s'en mêle pas

Sans surprise, le chef néo-démocrate Jagmeet Singh, dont le leadership a maintes fois été remis en question avant le scrutin du 21 octobre, n’a pas voulu s’en mêler.

Il a ri de bon cœur lorsqu’on l’a invité à offrir des conseils à son adversaire politique en marge de l’annonce de la composition de son cabinet fantôme.

Sous sa houlette, la députation du NPD a fondu. Il n’a fait élire que 24 députés, dont un seul – Alexandre Boulerice – au Québec.

Malgré cela, les militants sont extrêmement heureux de la façon dont la campagne a été menée, a assuré Jagmeet Singh.

Chez les conservateurs, sous Andrew Scheer, 121 députés ont été élus en 2019. Un résultat nettement supérieur à celui de 2015, alors que 99 bleus l’avaient emporté.