(QUÉBEC) Le Parti libéral demande à la commissaire à l’éthique d’enquêter sur Catherine Dorion. Il reproche à la députée de Québec solidaire d’avoir enfreint les « règles élémentaires de décorum à l’Assemblée nationale » en publiant une photo controversée pour l’Halloween.
La whip du PLQ, Nicole Ménard, a dénoncé le cliché dans une lettre au président de l’Assemblée nationale, François Paradis, ainsi qu’à la commissaire à l’éthique, Ariane Mignolet. Elle soutient que la députée de Taschereau a manqué de respect à l’institution lorsqu’elle a diffusé une photo où elle était vêtue d’un tailleur et de talons hauts, assise sur le pupitre central du Salon rouge.
Le geste se voulait un clin d’œil humoristique à l’occasion de l’Halloween. Mme Dorion a en effet souvent défrayé la chronique parce qu’elle se présente en chambre portant un t-shirt et des bottes Doc Martens.
Mais à l’évidence, Mme Ménard ne l’a pas trouvée drôle.
« Vous n’êtes pas sans savoir que l’utilisation de cette salle sert à des événements protocolaires tels que l’assermentation des députés, l’assermentation du conseil des ministres, les travaux parlementaires et bien d’autres réceptions officielles », a-t-elle noté dans sa lettre.
Selon elle, Mme Dorion a porté atteinte à la « dignité de la fonction de député » et elle a insulté ses collègues, en particulier les femmes députées.
Mme Ménard a donc demandé au président de veiller au respect des règles de décorum à l’Assemblée nationale. Elle l’a aussi informé de son intention de soumettre le dossier à Mme Mignolet.
« Il nous apparaît évident que de pareils agissements vont à l’encontre de notre Code d’éthique et déontologie, notamment en ce qui concerne les valeurs qui y sont exprimées », a-t-elle écrit.
Catherine Dorion s’est dite abasourdie que la plainte vienne du PLQ, dont le mandat a été marqué par plusieurs scandales.
« Ils ont coupé dans la communauté, ils ont charcuté notre tissu social, on se retrouve aujourd’hui avec un Québec en crise, a-t-elle dénoncé. Ils ont instauré un système de corruption et de collusion à grande échelle avec leurs petits amis mafieux — c’est quand même ça les vrais mots — pour se financer illégalement. Il y a encore des ministres à 100 000 $ dans ce caucus-là. »
Elle a également rappelé que la commissaire à l’éthique a sévèrement blâmé l’ex-ministre libéral Pierre Paradis l’an dernier pour l’utilisation de son allocation de logement. Mais dans un geste sans précédent, le gouvernement Couillard a utilisé sa majorité parlementaire pour rejeter son rapport.
« Le commissaire à l’éthique, pour les libéraux, on s’entend que c’est utilisé selon une éthique à géométrie pas mal variable », a-t-elle ironisé.
La députée a retiré sa photo des réseaux sociaux. Et le leader parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, a reconnu qu’elle a enfreint les règles de l’Assemblée nationale en se prenant en photo dans le Salon rouge sans l’autorisation du président.
« La photo aurait dû être prise à un autre endroit parce qu’il y a des règles qui s’appliquent même aux représentants des médias sur l’utilisation des salles des salles de commission parlementaire, a-t-il dit. À ce niveau-là, on s’est déjà engagé à ce que ça ne se reproduise plus. »
François Paradis n’a pas voulu commenter l’affaire de long en large, mais il a assuré qu’il n’y aura pas d’autre controverse du genre.
« Il y a eu des discussions rapidement mises en place avec les quatre partis et il a été convenu, fondamentalement, que ça ne se reproduirait plus », a dit M. Paradis, sans élaborer davantage.
Plus tôt mardi, ce nouveau coup d’éclat de Mme Dorion lui a valu des critiques du député du Parti québécois, Sylvain Gaudreault. Il l’a accusé de verser dans le « spectacle » et il a dit douter qu’elle représente adéquatement ses commettants.
« Qu’elle arrête de faire un show et qu’elle s’occupe de son comté ! » a-t-il lancé.
Mme Dorion n’a pas elle-même réagi à cette salve, mais sa collègue Ruba Ghazal s’est portée à sa défense. Elle s’est dite « personnellement insultée » par l’attaque « gratuite » du député péquiste.
« Pour quelle raison il est en train de s’attaquer au travail d’une de ses collègues députées, qui fait son travail comme tout le monde, comme les 125 députés ? a-t-elle déploré. On travaille très fort, on ne compte pas nos heures pour nos citoyens et on fait avancer des dossiers. »