(Ottawa) Peter MacKay, qui avait été ministre dans les gouvernements de Stephen Harper, tente à nouveau de faire taire les rumeurs voulant qu’il lorgne la direction du Parti conservateur si le poste devait être libéré au cours des six prochains mois.

M. MacKay avait livré mercredi une critique sévère d’Andrew Scheer, qualifiant les valeurs de conservatisme social du chef actuel de « fardeau nauséabond » qui auront coûté finalement au parti l’élection du 21 octobre. Il estimait aussi que M. Scheer « avait raté la cible alors qu’il était en échappée devant un filet désert ».

Quelques heures plus tard, cependant, il a écrit sur Twitter qu’il soutenait M. Scheer, affirmant que ses commentaires visaient à aider le parti à progresser pour remporter les prochaines élections. M. MacKay assure que les informations voulant qu’il se prépare actuellement pour une course à la direction sont fausses.

M. MacKay, considéré comme un « conservateur progressiste » (un « red tory »), a été le dernier chef du Parti progressiste-conservateur du Canada. Il a orchestré en 2003 une fusion du parti avec l’Alliance canadienne de Stephen Harper pour former l’actuel Parti conservateur du Canada.

Depuis que les conservateurs ont perdu l’élection de 2015, et du même coup leur chef Stephen Harper, le nom de M. MacKay a été évoqué par de nombreux fidèles du parti en tant que digne successeur. Alors que le leadership de M. Scheer est remis en question par certains, notamment au Québec, après qu’il eut échoué à remporter une majorité de sièges à la Chambre des communes la semaine dernière, de nouvelles rumeurs circulent à l’idée que M. MacKay puisse tenter sa chance pour lui succéder.

Même au beau milieu de la campagne, de nouvelles informations ont circulé selon lesquelles M. MacKay se constituait déjà une équipe chargée de préparer le terrain pour la campagne à la direction du parti, forçant l’un de ces prétendus « organisateurs » à nier publiquement.

Puis, vers la fin de la campagne, M. MacKay s’est rendu dans son ancienne circonscription fédérale de Nova-Centre, en Nouvelle-Écosse, pour y organiser un rassemblement réunissant M. Scheer et le candidat conservateur local. Il a nié ensuite toute velléité de leadership et rejeté timidement les exhortations de dizaines de personnes à diriger le parti.

Aujourd’hui, alors que M. Scheer doit affronter un mouvement de grogne, certains conservateurs alimentent la machine à rumeurs. M. MacKay a lui-même attisé les flammes mercredi à Washington, lors d’une table ronde sur le résultat de l’élection canadienne.

Il a notamment déploré l’incapacité de M. Scheer à rassurer les Canadiens sur le fait qu’il n’imposerait pas ses propres valeurs religieuses et son conservatisme social, ce qui a permis à Justin Trudeau d’éviter les attaques sur ses propres controverses. M. MacKay estime que la campagne a été monopolisée par des enjeux qui n’intéressaient plus les électeurs — l’avortement, le mariage gai — et que M. Scheer « n’a pas été en mesure de traiter habilement ces problèmes lorsqu’il en avait la chance ».