(Ottawa) Peter MacKay, que plusieurs voient comme un futur candidat à la chefferie du Parti conservateur affirme que le « fardeau nauséabond » des valeurs de conservatisme social d’Andrew Scheer a coûté l’élection au PCC.

Il a formulé cette critique dévastatrice de la performance électorale d’Andrew Scheer lors d’une table ronde organisée mercredi par le Wilson Center à Washington.

« Pour reprendre une bonne analogie canadienne, c’était comme avoir une échappée avec un filet désert et de rater le but », a-t-il comparé en faisant allusion au hockey.

Un nombre croissant de conservateurs, déçus que leur chef ait été incapable de vaincre les libéraux de Justin Trudeau, ont commencé à appeler ouvertement à la démission d’Andrew Scheer pour laisser la place à un nouveau chef capable d’élargir la base du parti et de gagner du terrain en Ontario et au Québec.

Peter MacKay, qui a brièvement dirigé les progressistes-conservateurs avant leur fusion avec l’Alliance canadienne pour former le Parti conservateur du Canada actuel, occupe une place prépondérante parmi les successeurs potentiels.

Jusqu’à présent, l’ancien ministre sous Stephen Harper a minimisé les discussions sur le sujet, insistant sur le fait qu’il soutenait pleinement Scheer.

Mais mercredi, il a été catégorique en imputant la défaite de la semaine dernière à l’incapacité de M. Scheer de rassurer les Canadiens sur le fait qu’il n’imposerait pas ses propres valeurs de conservatisme social à tout le pays. Selon M. MacKay, cela a empêché Andrew Scheer de tirer parti de la vulnérabilité des libéraux et des controverses qui minaient les chances de réélection du premier ministre Justin Trudeau.

« Qu’est-ce qui a mal tourné ? Eh bien, je vais être très honnête avec vous », a dit Peter MacKay.

« Je pense qu’un grand nombre d’enjeux dont personne d’autre que les politiciens ne voulait parler ont pris beaucoup de place au cours de cette campagne. Les gens ne voulaient pas parler du droit à l’avortement et ils ne voulaient pas parler de revenir en arrière sur le mariage homosexuel. Pourtant, c’est apparu à l’ordre du jour et ça s’est accroché au cou d’Andrew Scheer comme un fardeau nauséabond. »

Selon lui, il n’a jamais été capable de mettre un point final à ces controverses quand il en a eu l’occasion.

Malgré l’insistance d’Andrew Scheer pour affirmer qu’il ne rouvrirait pas ces débats, Peter MacKay croit que la suspicion a rendu les électeurs nerveux, surtout les femmes.

D’après M. MacKay, le projet de corridor énergétique de même que l’idée d’investir dans les technologies vertes plutôt que de taxer le carbone semblaient de bonnes propositions, mais encore une fois le chef conservateur aurait échoué à inspirer les Canadiens.

En fin de compte, il estime que ni les conservateurs ni les libéraux n’ont inspiré les Canadiens.