L’engagement visant à implanter un nouveau mode de scrutin agira comme un révélateur pour le gouvernement Legault: s’il recule, c’est qu’il choisit de renier une promesse pour se maintenir au pouvoir, selon Québec solidaire.

L’enjeu est celui du respect des engagements électoraux pris par la Coalition avenir Québec (CAQ), a fait valoir le député de Gouin, Gabriel Nadeau-Dubois, dimanche, en mêlée de presse, en marge d’une réunion du caucus des 10 députés solidaires, en prévision de la rentrée parlementaire de mardi.

Le premier ministre François Legault aime répéter qu’il respectera tous ses engagements électoraux.

Depuis quelques jours, le gouvernement laisse cependant entendre que celui visant à implanter un mode de scrutin proportionnel mixte à temps pour l’élection générale d’octobre 2022 pourrait être mis sur la voie de garage. 

Or, si le premier ministre François Legault choisit de renier son engagement, pris en mai 2018, il agira de la même façon que les leaders politiques qu’il se faisait un plaisir de dénoncer quand il était dans l’opposition, estime M. Nadeau-Dubois.

«Si la CAQ brise sa promesse, selon lui, elle va devenir exactement le genre de parti qu’elle a passé des années à critiquer dans l’opposition: c’est-à-dire un parti qui dit une chose pour se faire élire, mais qui fait autre chose pour rester au pouvoir.»

Il craint que le premier ministre cherche à se défiler pour rassurer les députés caquistes inquiets devant l’impact des changements associés au mode de scrutin proportionnel, qui prévoit deux catégories de députés: les députés élus et les députés de liste.   

Il dit craindre aussi que le premier ministre justifie une éventuelle volte-face, en s’appuyant sur les déclarations du Directeur général des élections (DGEQ), qui a prévenu les parlementaires qu’un changement de cette ampleur pourrait nécessiter de nombreux mois de travail.

Dans un cas comme dans l’autre, c’est inacceptable selon le député de Gouin, qui demande au premier ministre de faire preuve de «courage» et d’assumer ses décisions.

«Si la CAQ veut briser sa promesse, qu’elle le fasse, et qu’elle l’assume, au lieu de se cacher derrière le DGEQ», a-t-il dit, convaincu que ce qui manque c’est «la volonté politique» et rien d’autre.

«Quand on brise une promesse, il faut au moins avoir le courage de regarder les gens dans les yeux et dire: "Je brise ma promesse"», a ajouté M. Nadeau-Dubois, rappelant que le DGEQ, en commission parlementaire, en mai dernier, a affirmé qu’il était possible de procéder à la réforme «à l’intérieur (d’un délai de) de deux ans».

L’argument des trop longs délais administratifs ne serait donc pas valable, à ses yeux.

Jeudi, la responsable du dossier, la ministre Sonia LeBel, disant s’appuyer sur des informations obtenues du DGEQ, avait laissé entendre que le temps manquait pour implanter la réforme d’ici les prochaines élections. Le scrutin de 2022 serait plutôt l’occasion de tenir un référendum sur la question.

De 30 à 42 mois seraient nécessaires pour mener à bien les changements requis, avait-elle fait valoir alors.

Vendredi, en conférence de presse, le premier ministre François Legault tenait un autre discours, refusant  de dire en vertu de quel mode de scrutin les électeurs québécois allaient choisir leur prochain gouvernement, en octobre 2022.

Il n’a pas voulu dire davantage si l’élection de 2022 serait plutôt accompagnée d’un référendum visant à consulter la population sur le sujet.

Quoi qu’il en soit, on sait que la ministre LeBel va déposer un projet de loi d’ici le 1er octobre pour proposer une réforme du mode de scrutin.

En mai 2018, les trois partis alors dans l’opposition, la Coalition avenir Québec (CAQ), Québec solidaire (QS) et le Parti Québécois (PQ), avaient signé une entente, en s’engageant à faire adopter une réforme en faveur du mode de scrutin proportionnel mixte durant le présent mandat.