(Rivière-Du-Loup) Quatre femmes ministres ont senti le besoin, vendredi, de défendre la place des femmes au sein du gouvernement Legault.

Le prétexte : un communiqué de presse de Québec solidaire.

Il est exceptionnel et inusité de voir quatre ministres convoquer un point de presse pour commenter un communiqué du deuxième groupe d’opposition.

L’opération avait pour but de redorer l’image du gouvernement Legault quant à la place faite aux femmes députées et ministres au sein de l’équipe, particulièrement lors des travaux de l’Assemblée nationale.

Selon des calculs effectués par Québec solidaire, à la période des questions, dans huit cas sur 10, quand un ministre se lève en Chambre il s’agit d’un homme.

De même, la plupart des projets de loi (65 %) ont été déposés par des ministres masculins, selon la compilation rendue publique par Québec solidaire vendredi.

Il n’en fallait pas plus pour que les ministres Isabelle Charest (Condition féminine), Geneviève Guilbault (vice-première ministre), Danielle McCann (Santé) et Sonia LeBel (Justice) serrent les rangs pour défendre leur chef, François Legault, et affirmer que les femmes sont bien traitées dans l’équipe caquiste.

L’important consiste à « se concentrer sur ce qui est positif », a dit Mme Charest, dans une de ses rares sorties sur la condition féminine depuis un an, lors d’une mêlée de presse vendredi matin, en marge du caucus de deux jours des députés caquistes en prévision de la rentrée parlementaire.

Elle a voulu se faire rassurante, affirmant que les femmes étaient « mises à contribution » au sein du gouvernement et qu’elles prenaient leur place.

Si on lui rappelle que la parité hommes-femmes n’est pas atteinte au cabinet et que les députées occupent souvent des postes moins importants et moins bien rémunérés que leurs collègues masculins, la ministre Charest ne bronche pas.

« Il ne faut pas mettre l’accent sur les chiffres, qui ne veulent pas dire grand-chose », selon elle.

Elle soutient qu’en moyenne les femmes députées gagnent plus cher que les députés masculins.

La Presse canadienne rapportait récemment qu’au sein du caucus caquiste, les hommes étaient avantagés au moment de répartir les nominations les plus prestigieuses et les mieux rémunérées.

L’échelle de rémunération des députés compte six paliers et il appert que dans toutes les catégories de rémunération bonifiée, les hommes sont majoritaires, et souvent largement, indiquait la compilation effectuée à partir de données fournies par le cabinet du whip en chef du gouvernement.

Par exemple, tous les postes parlementaires prestigieux et bien rémunérés (président de l’Assemblée nationale, président du caucus, whip en chef du gouvernement, leader parlementaire) ont été réservés aux députés masculins.

Pour ce qui est des adjoints parlementaires, il y a quatre fois plus d’hommes que de femmes, soit 16 députés masculins, contre seulement quatre de sexe féminin.

Le premier ministre François Legault a tenu lui aussi à mettre son grain de sel et à défendre ses choix de nominations.

Il a admis en conférence de presse qu’il restait « encore du travail à faire » pour atteindre la parité hommes-femmes au gouvernement, mais il s’est dit très fier d’avoir présenté une majorité de candidates lors du dernier scrutin.

En tant que chef d’un parti où les candidats sont désignés par la direction, il a dit avoir fait « des efforts » pour recruter un grand nombre de femmes.