(Québec) La vice-première ministre Geneviève Guilbault doit s’excuser sur-le-champ de s’être vantée d’avoir congédié du personnel politique, croit la libérale Christine St-Pierre.

En entrevue mardi, Mme St-Pierre — qui a été ministre dix ans sous les gouvernements Charest et Couillard — n’y est pas allée par quatre chemins pour dénoncer l’attitude de la numéro deux du gouvernement Legault.

« Ce n’est pas humain. C’est un manque de cœur, de tact, de savoir-vivre, c’est quelqu’un qui est proche de l’hybris, a-t-elle tranché. Le pouvoir lui est monté à la tête, à cette femme-là. »

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Christine St-Pierre

L’hybris est une notion grecque qui se traduit par « démesure », un sentiment violent inspiré des passions, particulièrement de l’orgueil.

Lundi, questionnée sur les changements au sein de son équipe, Mme Guilbault avait claironné que contrairement à ce qui était rapporté, elle n’avait pas « perdu » d’employés, mais les avait plutôt congédiés pour incompétence.

Il s’agit en l’occurrence de son directeur de cabinet, Alain Lavigne, d’un conseiller, Pierre-Paul Côté, ainsi que de l’attachée politique Jacqueline Aubé. Une quatrième personne, l’attachée Caroline Lagacé, a également quitté le cabinet.

« Des gens ont quitté dans les dernières semaines parce que je les ai congédiés », avait tenu à préciser Geneviève Guilbault en mêlée de presse.

La ministre avait ensuite nuancé ses propos, en gazouillant : « J’aurais dû affirmer avoir mis fin à leur emploi plutôt que d’employer le terme “congédiement”. Le travail en cabinet est exigeant et je leur souhaite le meilleur pour la suite. »

Or cela est insuffisant aux yeux de Mme St-Pierre, qui réclame des excuses. « Taper sur le monde, ça a l’air d’être leur marque de commerce » au gouvernement Legault, a-t-elle dénoncé.

« J’ai été ministre 10 ans, ça ne se fait pas, a-t-elle renchéri. Ça ne se fait pas pour la dignité humaine, la dignité de tes employés. La façon dont tu traites tes employés, ça donne une bonne idée de qui tu es.

“Comment tu te retrouves un travail quand ta boss, qui est l’une des personnes les plus populaires en politique au Québec, vient de te traiter d’incompétent. Comment tu fais pour te trouver une job ? C’est une christie de belle lettre de référence ! » s’est-elle exclamée.

En fin de journée mardi, Mme Aubé a ajouté sa voix à celle de Mme St-Pierre et officiellement exigé des excuses publiques.

« J’estime aujourd’hui, après réflexion et discussion, avoir été traitée par la ministre de manière injuste, que ses propos au sujet de mes compétences étaient mensongers et qu’elle a porté atteinte à ma réputation.

“Je lui demande aujourd’hui d’avoir la classe et l’abnégation nécessaire afin de s’excuser publiquement pour le tort qu’elle m’a causé », a-t-elle écrit dans un message envoyé à La Presse canadienne.