(Québec) Les partis d’opposition ont dénoncé à l’unisson, mardi, le gouvernement Legault, qui refuse toujours la tenue d’une commission parlementaire élargie sur les vols de données personnelles.

Fulminant au sortir d’une rencontre de travail, la députée libérale Marwah Rizqy a lancé qu’ils s’étaient fait « niaiser » par les caquistes, qui ont finalement voté contre un mandat d’initiative pour entendre non seulement le Mouvement Desjardins, mais des institutions publiques également.

L’opposition proposait qu’une dizaine d’experts et de groupes soient entendus, dont le directeur principal de l’informatique au Conseil du trésor et Revenu Québec, qui a aussi fait l’objet d’une fuite de renseignements cet été.

Le 7 août, le président-directeur général de Revenu Québec, Carl Gauthier, a informé ses employés qu’un membre du personnel avait transféré hors des lieux de travail certains renseignements personnels de 23 000 personnes liées à l’agence gouvernementale.

Les renseignements sont ceux d’employés, d’ex-employés et du personnel d’entreprises ayant fait affaire avec Revenu Québec. Il s’agit — dans la quasi-totalité des cas — du nom et du numéro d’assurance sociale des personnes touchées. Dans un nombre très restreint de cas s’ajoutent la date de naissance ou le salaire.

Pour sa part, le Mouvement Desjardins est dans la tourmente depuis qu’il a annoncé le 20 juin qu’un employé malveillant avait volé les renseignements personnels de 2,9 millions de membres particuliers et entreprises.

Des noms, dates de naissance, numéros d’assurance sociale, adresses, numéros de téléphone, courriels — des informations prisées par les fraudeurs — ainsi que des renseignements en matière d’habitudes transactionnelles et de produits détenus faisaient partie des données dérobées.

Mandat saboté ?

Le premier ministre François Legault réclame plutôt que le mandat porte strictement sur les événements survenus chez Desjardins, comme le Parti québécois l’avait d’abord suggéré au début de juillet.

La semaine dernière, il s’est opposé publiquement à un mandat élargi, même si la commission des finances publiques (CFP) est indépendante et ne doit pas recevoir de consigne du premier ministre.

M. Legault a rappelé que son gouvernement déposera éventuellement un projet de loi sur la protection des données personnelles, en déclarant : « On ne veut pas non plus avoir des commissions parlementaires qui vont gérer à la place du gouvernement. »

Mardi, à la sortie de la réunion de la CFP, le député caquiste Youri Chassin a dit soupçonner les libéraux de vouloir convoquer Revenu Québec pour « faire de la politique » et « essayer de griller un peu le gouvernement ».

« On s’est vraiment fait niaiser, a rétorqué Mme Rizqy. On a pris une heure pour tourner en rond, alors que, clairement, Youri Chassin avait le mandat de s’assurer de saboter ce mandat. […] On a un premier ministre qui ne croit pas aux travaux des parlementaires. »

Pour le député de Québec solidaire Vincent Marissal, M. Chassin est « en croisade » pour éviter que des institutions publiques ne témoignent. « Nous, on veut creuser, et tout ce qu’on nous offre, c’est une cuillère de plastique. On ne creusera pas avec ça, on n’ira nulle part avec ça. »

De son côté, le péquiste Martin Ouellet s’est dit « extrêmement déçu » de « l’entêtement du gouvernement ». « On ne veut pas faire la lumière dans notre propre cour de peur de lever des lapins pour se rendre compte qu’effectivement, il y a des problèmes qui seraient exposés au grand jour », a-t-il déploré.

Les partis d’opposition promettent de ne pas « lâcher le morceau » et de revenir à la charge pour rediscuter éventuellement de la tenue d’une commission parlementaire.