(Sainte-Marie) Maxime Bernier a officiellement lancé, dimanche, la première campagne nationale de son Parti populaire du Canada (PPC) dans son fief de la Beauce. L’immigration et le débat des chefs sont les deux thèmes qui ont monopolisé l’attention des partisans et des candidats rassemblés au Centre Caztel de Sainte-Marie, décoré de rouge et de bleu pour l’occasion.

Avant même que les discours ne débutent, la foule de quelques centaines de personnes a réchauffé l’atmosphère en scandant en cœur « Liberté ! » et « Au débat ! ». Leur chef tente encore d’obtenir sa place aux débats des chefs télévisés.

D’ailleurs, Maxime Bernier s’est adressé directement au commissaire David Johnston qui doit déterminer si la Commission des débats des chefs invitera ou non le fondateur du PPC.

« Entendez-vous M. Johnston ? Je suis prêt à débattre, à offrir un véritable choix aux Canadiens. C’est important que l’on soit là, c’est important pour le respect de la démocratie », a-t-il plaidé devant ses partisans en liesse.

D’après M. Bernier, les autres grands partis politiques refusent de débattre avec lui parce qu’ils ont peur de la croissance de ses appuis et surtout parce que le PPC défend des idées différentes et qu’il fait les choses autrement.

Le rassemblement a débuté par une interprétation du Ô Canada, puis les candidats Baljit Singh Bawa, dans Brampton-Centre en Ontario, et Julie Lavallée, dans Montarville au Québec, ont partagé les raisons de leur attachement envers le PPC avant l’arrivée triomphale du chef dans l’aréna de Sainte-Marie.

Maxime Bernier a insisté sur la volonté du PPC de réduire la taille de l’État et de la bureaucratie. Il a notamment promis d’abolir le CRTC, de privatiser Postes Canada, de diminuer le financement de Radio-Canada/CBC et d’abolir les subventions aux entreprises.

Contre « l’immigration de masse »

Au cours des derniers jours, des panneaux affichant le slogan « Dites non à l’immigration de masse » sont apparus en versions anglaises et françaises dans plusieurs provinces. Bien qu’ils affichent le nom et le visage du chef, de même que le logo du PPC, le parti maintient qu’il n’a rien à voir avec l’initiative. Toutefois, Maxime Bernier s’est dit flatté par le geste et l’approuve entièrement.

« Je suis choyé qu’un Canadien veule faire la promotion d’une de nos politiques ! », a-t-il répondu en mêlée de presse en précisant que ce qu’il considère comme de « l’immigration de masse » est l’accueil de 350 000 immigrants par année, ce qui correspond à moins de 1 % de la population canadienne.

Le PPC souhaite réviser à la baisse le nombre d’immigrants reçus chaque année à environ 150 000.

Les Beaucerons hésitent

Député de Beauce depuis 2006, Maxime Bernier a tourné le dos au Parti conservateur du Canada l’automne dernier pour fonder sa propre formation politique. Il qualifie aujourd’hui son ancienne famille politique de « moralement et éthiquement corrompue ».

Cette désaffection pourrait cependant compliquer les choses pour sa réélection. Plusieurs électeurs rencontrés par La Presse canadienne à la sortie d’un supermarché de Sainte-Marie ont affirmé qu’ils étaient hésitants ou même qu’ils allaient carrément abandonner le député qu’ils soutiennent depuis plus d’une décennie.

Martin Roy, de Saint-Isidore, craint d’ouvrir la voie aux libéraux en divisant le vote conservateur s’il appuie le PPC. « Je réfléchis à ça. Si notre vote divise, en quoi c’est bon ? », se demande-t-il.

Plusieurs autres personnes ont aussi souligné leur penchant pour le nouveau candidat conservateur, Richard Lehoux, un producteur laitier qui tient au système de gestion de l’offre qui régit l’industrie laitière et que souhaite abolir Maxime Bernier.

Le chef du PPC a reconnu en mêlée de presse que la lutte sera serrée, mais qu’il carbure à la compétition. « Je vais passer un bon bout de temps en Beauce parce que je ne tiens rien pour acquis », a-t-il annoncé.

À la sortie de l’amphithéâtre, on a rencontré des partisans venus de Québec et de la Rive-Sud du Saint-Laurent pour entendre le chef de leur nouveau parti.

« Ce sont ses idées de liberté d’agir, de penser, d’avoir moins d’État dans nos institutions et plus d’argent dans nos poches. Ce que j’aime chez lui, c’est le gros bon sens », a confié Lucille Beaudet venue de Saint-Nicolas.

Près d’elle, Daniel Bouchette arrivait de Québec. Pour lui, c’est le courage de Maxime Bernier qui l’épate. « Il aurait pu s’asseoir sur ses lauriers en étant certain d’être réélu, mais il a eu le courage de lancer un nouveau parti pour faire les choses différemment », a-t-il mentionné en qualifiant le PPC de bouffée de fraîcheur.