(Ottawa) Des données publiées récemment montrent que le gouvernement fédéral a dépensé près de 17,7 millions en campagnes de sensibilisation auprès du public entre avril et juin, juste avant le moratoire sur la publicité gouvernementale dans la période précédant la campagne de l’automne.

Les dépenses en publicités gouvernementales au cours des trois premiers mois de l’exercice financier fédéral ont augmenté de près de 21 %, comparativement à la même période en 2018.

Le gouvernement fédéral avait jusqu’au 30 juin pour effectuer ses dépenses publicitaires en vertu des nouvelles règles mises en place par les libéraux afin d’imposer un moratoire sur la publicité gouvernementale jusqu’à ce que les votes soient comptés.

Les Canadiens peuvent plutôt s’attendre à une vague de publicité politique cet automne, alors que les partis se disputeront leur vote par le biais de promesses et d’attaques partisanes diffusées sur les écrans de télévision et les médias sociaux.

À première vue, les données des dépenses peuvent suggérer que les libéraux ont intensifié leurs campagnes de sensibilisation en pleine année électorale, afin que les Canadiens soient au courant de tout, allant des crédits d’impôt aux services offerts aux aînés.

Mais un porte-parole de la présidente du Conseil du Trésor, Joyce Murray, a noté que cet argent était inférieur aux 56,2 millions dépensés par les conservateurs pour la même période avant les élections de 2015.

Au bout du compte, toutefois, le gouvernement conservateur sortant et le nouveau gouvernement libéral avaient consacré 42,2 millions en publicité au total en 2015-2016.

« Alors que le gouvernement conservateur précédent utilisait la publicité gouvernementale à des fins politiques, nous fournissons aux Canadiens les informations dont ils ont besoin de manière responsable et non partisane », a écrit Farees Nathoo, porte-parole de Mme Murray, dans un courriel.

Il a soutenu que cela s’était traduit par des totaux annuels inférieurs.

Le chiffre total pour l’exercice 2018-2019 n’est pas encore disponible, mais le gouvernement fédéral a consacré 39,2 millions à la publicité en 2017-2018. Le chiffre annuel pour 2014-2015, qui est le dernier exercice financier complet au pouvoir des conservateurs, a été de 68,7 millions.

Les libéraux ont fait campagne en 2015 en promettant d’interdire la publicité gouvernementale partisane, après des années où les conservateurs ont été critiqués pour avoir apposé le logo de leur parti sur des chèques surdimensionnés ou avoir injecté une dose de bleu dans les publicités de projets d’infrastructure et d’autres programmes.

Les libéraux ont dit qu’ils nommeraient un commissaire à la publicité qui aiderait le vérificateur général à surveiller la publicité gouvernementale et à s’assurer que les messages ne s’égarent pas en territoire de partisanerie.

Ils ont finalement délégué cette responsabilité à un tiers, demandant aux Normes de la publicité, un organisme d’autoréglementation du secteur, d’examiner toutes les campagnes publicitaires coûtant plus de 500 000 $.

Les résultats des examens, publiés en ligne, suggèrent que l’industrie a demandé et reçu des modifications de publicités.

Ce printemps, par exemple, l’examen a mis en avant une publicité imprimée et radiophonique pour le nouveau crédit d’impôt relatif au climat pour les résidants de la Saskatchewan, du Manitoba, de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick, parce qu’elle affirmait que cette mesure rendait « une économie plus propre plus abordable pour tous ».

Cela, dit l’examen, « n’est pas une déclaration neutre ». Le libellé a été modifié avant la publication ou la diffusion de la publicité.

Néanmoins, un rapport du vérificateur général publié ce printemps indiquait que les fonds publics pourraient encore finir par soutenir la publicité partisane en raison de contrôles insuffisants.

L’organe de surveillance a souligné que seule une publicité gouvernementale de plus de 500 000 $ devait être examinée par un organisme indépendant, ce qui augmentait le risque de partialité dans les campagnes de moindre envergure, en particulier depuis que la publicité numérique est devenue moins coûteuse.

En mai, Mme Murray a déclaré que les fonctionnaires du Conseil du Trésor examineraient le seuil de dépenses à partir duquel une révision était requise et examineraient les moyens de mieux évaluer les risques associés à la publicité sur les médias sociaux.