Le directeur général des élections (DGE) du Canada conclut, à la lumière d’un second examen, qu’il « n’est pas souhaitable de changer la date de l’élection générale à un stade aussi avancé » en raison de la fête religieuse juive, Chemini Atseret, qui sera célébrée lors du scrutin du 21 octobre prochain.  

« Après avoir examiné attentivement les répercussions de la tenue de l’élection le 21 octobre sur la capacité des juifs pratiquants à participer au processus électoral, et compte tenu de ma responsabilité d’assurer un vote accessible à tous les Canadiens, j’en conclus qu’il n’est pas souhaitable de changer la date de l’élection générale à un stade aussi avancé », écrit le DGE du Canada, Stéphane Perrault.

« Je ne prends pas cette décision à la légère, mais dans le but d’offrir la plus vaste gamme possible de services de vote accessibles à l’ensemble de la population », ajoute-t-il dans sa recommandation révisée, transmise aujourd’hui au gouverneur en conseil.

La semaine dernière, la Cour fédérale a ordonné à Élections Canada de se pencher à nouveau sur la possibilité de déplacer la date des élections générales d’une semaine, soit qu’elles aient lieu le 28 octobre prochain plutôt que le 21, pour éviter que le scrutin se tienne en même temps que la célébration juive.

Les juifs orthodoxes pratiquants ne sont pas autorisés à travailler, voter ou faire campagne lors de la fête Chemini Atseret qui se célèbre cette année du 20 au 22 octobre. Élections Canada a d’ailleurs déjà promis d’augmenter le nombre d’employés dans les bureaux de vote par anticipation pour accueillir plus d’électeurs. Les bureaux de vote par anticipation seront d’ailleurs ouverts de 9h à 21h pour offrir une plus grande plage horaire. Il s’agit d’une première.

« Je m’engage à continuer de collaborer avec les membres de la communauté juive pour leur offrir, dans le calendrier électoral actuel, des façons de voter optimales et pratiques qui respectent leurs croyances religieuses », a indiqué M. Perrault, assurant qu’il avait « soigneusement » étudié la question.

C’est une candidate conservatrice, Chani Aryeh-Bain, de la circonscription torontoise d’Eglinton-Lawrence, qui s’est adressée au tribunal après qu’Élections Canada eut refusé de changer la date du scrutin en juillet dernier.

Mme  Aryeh-Bain, de confession juive, estime que la participation des juifs orthodoxes à l’élection sera « restreinte ». Elle soutient par ailleurs que ses activités électorales pendant la campagne et lors du scrutin seront limitées.

Élections Canada avait plaidé devant la Cour fédérale qu’un changement de date, à trois mois du vote, risquerait de « compromettre de façon marquée » l’accessibilité et la qualité des élections générales au pays. Les personnes vivant avec un handicap, les aînés et les populations éloignées seraient alors les plus touchés.

C’est que si la date est changée, Élections Canada craint de perdre l’accès à un nombre considérable de lieux de vote parmi les 15 000 déjà identifiés au pays, notamment dans les écoles et les campus. Des élections générales le 28 octobre coïncideraient aussi avec les élections municipales du Nunavut, qui doivent se dérouler ce jour précis.