(Québec) Le gouvernement Legault doit rendre obligatoire l’apprentissage du français pour les immigrants, et ce, de toute urgence, croit la députée caquiste d’Iberville, Claire Samson.

En entrevue à La Presse canadienne, Mme Samson rappelle que la Coalition avenir Québec (CAQ) s’est engagée en campagne électorale à donner suite au rapport qu’elle a rédigé sur la langue et l’immigration en 2016.

Dans cet esprit, le gouvernement devrait aller bien plus loin que ce qui a été annoncé vendredi par le ministre de l’Immigration, Simon Jolin-Barrette, qui a élargi l’accès aux cours de francisation, sur une base volontaire.

Lors de la rentrée d’automne, elle entend bien faire pression sur le caucus de la CAQ et sur le gouvernement pour que des mesures plus musclées soient adoptées rapidement afin de mieux franciser les nouveaux arrivants.

Car selon elle, l’avenir du français au Québec est menacé à très court terme – elle parle d’une quinzaine d’années avant que la situation soit devenue irrécupérable.

« Si on l’échappe, on va l’échapper pour un méchant bout de temps. Ce serait difficile de redresser ça, s’il y a trop de laxisme et qu’il n’y a pas de suivi. Un moment donné, on va l’échapper », craint la députée, qui a produit un rapport étoffé sur la question, devenu la position du parti depuis.

La solution repose selon elle en bonne partie sur la capacité du Québec à imposer la langue française aux immigrants, pour faire contrepoids à l’attrait puissant de l’anglais.

« Il faut le faire maintenant, car éventuellement il pourrait être trop tard », craint la députée, remise des ennuis de santé qui l’ont éloignée fréquemment du parlement ces derniers mois.

En toute cohérence, l’État devrait par ailleurs s’assurer d’utiliser en exclusivité le français quand il s’adresse aux nouveaux arrivants, plaide la députée.

Pour faciliter l’intégration au marché du travail, la francisation en entreprise deviendrait aussi une priorité, avec des programmes de formation ciblés selon les domaines d’expertise des nouveaux arrivants.

Dans l’opposition, de 2014 à 2018, Mme Samson s’est démarquée en assumant la responsabilité de porte-parole de la CAQ sur les questions de culture, de communications et de promotion de la langue française.

Priorité nationale

À la demande de son chef, François Legault, elle avait produit en 2016 un document définissant la politique du parti sur la promotion de la langue française et la francisation des immigrants, une des priorités du chef.

Le document, intitulé « Une langue commune à tous et pour tous », était accompagné de toute une série de recommandations visant à assurer la pérennité du français au Québec et à faire de la francisation des immigrants une « véritable priorité nationale ».

D’où l’importance d’obliger les immigrants à suivre des cours de français, grâce à une formation d’une durée variant de 30 à 72 semaines, à temps complet.

Cette formation, rémunérée, serait nécessaire pour obtenir un certificat de sélection du Québec.

Tous les nouveaux arrivants ne maîtrisant pas le français devraient s’y soumettre, qu’ils soient immigrants économiques, réfugiés ou faisant partie d’un regroupement familial.

Ce programme devrait également être suivi le plus tôt possible suivant l’arrivée au Québec.

On prévoyait inclure un volet d’initiation aux réalités du Québec, sa culture, ses institutions sociales et politiques, ses valeurs, etc.

Un soutien financier devait être prévu pour les parents de jeunes enfants, en vue d’assumer les frais de garde.

Mme Samson proposait également dans son rapport de créer un guichet unique pour la francisation des immigrants adultes, de revoir le mandat de l’Office de la langue française, qui serait placé sous la responsabilité du ministre de l’Immigration, alors qu’il relève présentement de la ministre de la Culture.

Elle proposait aussi de créer un poste de Commissaire à la langue française, relevant de l’Assemblée nationale. Il aurait pour mandat de recevoir les plaintes du public reliées à la langue et de jouer un rôle-conseil auprès du gouvernement « quant aux mesures à prendre pour assurer la pérennité du français », précise Mme Samson.

Elle rappelle à ce propos qu’une motion a été adoptée à l’unanimité, en avril dernier à l’Assemblée nationale, en vue de créer ce poste de Commissaire à la langue française.

Ces changements entraîneraient l’abolition du Conseil supérieur de la langue française, devenu caduc.

Tous les programmes de francisation – actuellement éparpillés entre le ministère de l’Éducation et celui de l’Immigration – seraient rapatriés à l’intérieur d’un nouveau ministère : le ministère de l’Immigration et de la Francisation.

La langue d’affichage commercial devrait aussi selon elle faire l’objet de correctifs en faveur du français.