(Ottawa) Les Canadiens peuvent maintenant voir quels tiers délient les cordons de leur bourse pour influencer leurs votes lors des prochaines élections fédérales.

À compter de dimanche, les organismes qui ne sont pas des partis politiques – mais qui souhaitent avoir leur mot à dire lors de la campagne électorale à l’automne – devront s’enregistrer auprès d’Élections Canada s’ils investissent plus de 500 $ dans des activités de nature politique et déposer des rapports de divulgation provisoire s’ils recueillent ou dépensent plus de 10 000 $.

Des organismes tels que Engage Canada et Shaping Canada’s Future ont capté l’attention plus tôt ce mois-ci en diffusant des annonces adverses lors de la finale de la NBA. Engage Canada s’en est pris aux conservateurs, tandis que Shaping Canada a choisi d’attaquer Justin Trudeau.

Lors du scrutin de 2015, plus de la moitié des quelque 6 millions investis par des tiers directement en lien avec la campagne électorale ont été dépensés par seulement dix organisations, pour la plupart des syndicats.

Et ces chiffres ne concernent que la période électorale officielle de 78 jours. Les nouvelles règles prévoient que les groupes divulguent dorénavant ce qu’ils dépensent en publicités au cours des mois précédant la campagne.

La loi sur la modernisation des élections, adoptée en décembre dernier, a établi une limite de dépenses d’un peu plus de 1 million pour les tiers en période préélectorale et d’environ 500 000 $ en période électorale. Un plafond a également été fixé à l’intérieur de chaque circonscription.

Au moins un syndicat compte dépenser autant qu’on le lui permet.

« Nous avons le droit de dépenser 511 000 $ pendant la période électorale. Nous allons dépenser 511 000 $ », a déclaré Jerry Dias, le président national d’Unifor, le plus grand syndicat du secteur privé au Canada.

« Il n’y a pas de doute, nous serons très agressifs », a-t-il ajouté, précisant que son principal objectif sera de soutenir des candidats libéraux ou néo-démocrates.

Mais certains des plus gros dépensiers des dernières élections fédérales se montrent cette fois plus prudents.

Le directeur des communications de l’Alliance de la Fonction publique du Canada, Riccardo Filippone, indique que le montant qu’ils engloutiront en publicités reste à être déterminé.

La priorité du syndicat, qui représente le plus grand nombre de fonctionnaires fédéraux au pays, sera néanmoins de rappeler à ses membres pourquoi ils devraient s’opposer aux conservateurs.

Même son de cloche chez les Amis de la Radiodiffusion, un organisme qui défend la radiodiffusion publique, où une décision n’a pas encore été prise.

Son directeur général, Daniel Bernhard, souligne néanmoins que tout débat sur la publicité par les tiers doit tenir compte du rôle joué par des plateformes telles que Facebook et Twitter, qui permettent de contourner les restrictions et d’agir anonymement.

Facebook a récemment mis en place une « bibliothèque des publicités » pour répondre aux exigences de transparence par rapport à ses commanditaires. Les utilisateurs du réseau social peuvent donc maintenant voir d’où proviennent les annonces de nature politique ou sociale et comment celles-ci sont ciblées. Twitter a pour sa part temporairement interdit de telles publicités au Canada pour créer son propre outil de suivi.

Mais pour M. Bernhard, ces démarches passent à côté de la plaque : « Les personnes qui s’inscrivent et respectent déjà les limites sont le moindre de nos problèmes. »