(Ottawa) Twitter tiendra finalement un registre de toutes les publicités politiques publiées sur sa plateforme pendant la campagne électorale fédérale de cet automne.

Mais le géant des médias sociaux interdira en attendant toute publicité politique pendant les deux mois qui précèdent la campagne officielle — cette «période préélectorale», qui commence dimanche, pour un scrutin le 21 octobre.

Twitter Canada a annoncé sa politique de transparence mercredi, quelques semaines après avoir été épinglé par la ministre fédérale des Institutions démocratiques. Karina Gould reprochait au géant du web de ne pas s’être engagé, comme d’autres entreprises, à contribuer à l’intégrité du processus électoral fédéral.

Une nouvelle loi canadienne exige que les plateformes tiennent un registre, accessible au public, de toutes les publicités politiques pendant les périodes préélectorales et les campagnes électorales ; les Canadiens devraient donc pouvoir facilement savoir qui a publié ces annonces en ligne.

Facebook a mis en place sa propre politique de transparence il y a deux semaines. À compter de cette semaine, l’entreprise veut détecter et examiner systématiquement les publicités sur des questions sociales, sur les élections et la politique au Canada, en exigeant qu’elles portent une mention du style «Cette publicité a été payée par…».

Google, de son côté, a décidé d’interdire complètement les publicités politiques sur sa plateforme, plutôt que d’essayer de mettre en place un registre. Le géant du web soutient que cela serait technologiquement difficile à mettre en place à quelques semaines du début de la campagne.

Twitter emprunte donc la voie médiane, en interdisant les publicités pendant la seule période préélectorale, afin de lui permettre de peaufiner son outil de transparence à temps pour le début de la campagne officielle, en septembre.

La «Déclaration sur l’intégrité électorale»

Plus tôt ce mois-ci, la ministre Gould avait sermonné Twitter pour avoir omis d’indiquer s’il se conformerait à la loi sur la transparence des publicités électorales et pour avoir omis de signer la «Déclaration du Canada sur l’intégrité électorale en ligne».

Cette déclaration engage les entreprises en ligne à collaborer avec le gouvernement pour empêcher des acteurs malveillants étrangers ou nationaux d’utiliser les médias sociaux afin de colporter de la désinformation, d’exacerber les divisions dans la société et de miner la confiance dans le processus électoral. Facebook, Google et Microsoft ont signé la Déclaration.

Mercredi, la ministre Gould a indiqué sur son compte Twitter qu’elle était «encouragée par le fait que Twitter Canada ait accepté de signer la Déclaration».

«Nous avons tous un rôle à jouer dans la protection des élections de cet automne et le soutien des discours politiques sains en ligne», a-t-elle écrit.

Michele Austin, directrice des politiques publiques et gouvernementales chez Twitter Canada, a déclaré que l’entreprise entretenait une «excellente relation de travail» avec le ministère de Mme Gould, avec Élections Canada, le commissaire aux élections fédérales et les responsables de la cybersécurité.

«La ministre Gould pose les bonnes questions aux Canadiens, elle exprime des préoccupations que nous sommes heureux de prendre en compte», a soutenu Mme Austin en entrevue. «Je me réjouis donc de ces questions et des critiques, mais je souhaite également continuer à travailler avec (les responsables) et veiller à ce que (la ministre Gould) prenne le temps de constater les efforts que nous avons déployés.»