(Ottawa) Le ministre fédéral de l’Immigration, Ahmed Hussen, aimerait que le Canada accueille plus de réfugiés — et il estime qu’un plus grand nombre devraient pouvoir entrer par le biais des programmes d’immigration économique.

Dans un discours devant les participants à une conférence soulignant la Journée mondiale des réfugiés, jeudi à l’Université d’Ottawa, le ministre Hussen, lui-même arrivé au Canada en tant que réfugié, a parlé avec passion de la nécessité pour le pays de faire davantage.

« Je souhaite que nous continuions à augmenter les seuils de notre système d’immigration pour les réfugiés. Je suis très à l’aise à le déclarer, et je ferai tout ce que je peux, quelle que soit ma position, pour continuer à réclamer un nombre de réfugiés plus élevé chaque année. »

On pourrait selon lui y arriver notamment en ouvrant aux réfugiés les programmes d’immigration économique, en plus des programmes humanitaires. « Plutôt que de considérer le réfugié comme une personne qui souhaite simplement être réinstallée, qui reçoit passivement de l’aide, pourquoi ne pas le considérer comme une personne dotée de talents et de compétences dont nous avons besoin au Canada ? », a suggéré le ministre Hussen.

L’année dernière, le Canada s’est classé au premier rang pour le nombre de réfugiés réinstallés à partir de pays de résidence temporaires, selon le rapport sur les tendances mondiales des Nations unies, publié cette semaine. Le Canada avait accepté la réinstallation permanente de 28 100 réfugiés ; cette année, ce nombre devrait atteindre 29 950.

Des experts en matière de migration et des défenseurs des droits de la personne s’inquiètent de la montée, dans le monde, d’une rhétorique négative à l’égard des réfugiés. Plus tôt cette semaine, à la Chambre des communes, M. Hussen a déploré que des conservateurs qualifient d’« illégaux » les demandeurs d’asile qui entrent au Canada en évitant les points de contrôle officiels aux frontières — comme sur le chemin Roxham, au Québec.

Divers organismes de défense des droits de la personne ont par ailleurs adressé une lettre à tous les partis politiques, plus tôt ce mois-ci, dans laquelle ils s’inquiètent de la façon dont les réfugiés et les migrants au Canada pourraient être instrumentalisés lors de la prochaine campagne électorale fédérale.

Le ministre Hussen estime qu’un moyen essentiel de mettre fin aux attitudes négatives à l’égard des réfugiés consiste à les reconnaître comme des personnes précieuses qui peuvent contribuer à l’essor de l’économie canadienne, plutôt que de les stéréotyper comme une dépense.

« Partout au Canada, on fait face à une grave pénurie de main-d’œuvre dans toutes sortes d’industries — peu qualifiées, moyennement qualifiées et très qualifiées —, malgré l’augmentation des seuils d’immigration que nous avons mis en place », a-t-il déclaré. « Comment pouvons-nous inclure les réfugiés dans cette équation ? Je pense que c’est au gouvernement et à toutes les parties prenantes qui se soucient de la question des réfugiés […] Il est important de rappeler constamment l’avantage économique des réfugiés. »