Le Parti libéral du Canada misera sur l’environnement lors de la campagne électorale et atteindra les cibles de l’accord de Paris s’il est réélu, a affirmé Justin Trudeau à un auditoire de donateurs conquis d’avance, hier soir, à Montréal.

Il était en retard, juste ce qu'il faut, fashionably late, comme on dit. Retenu par les festivités du défilé des champions de la NBA à Toronto. La centaine de contributeurs à la caisse du Parti libéral du Canada n’ont pas été en reste ; la mère du premier ministre, Margaret Trudeau, a réchauffé la scène avant l’arrivée de son fils à l’activité de financement tenue dans un chic hôtel du Vieux-Montréal, hier soir.

La salle est remplie d’hôtes tirés à quatre épingles. Chaque convive a fait un don de 800 $ pour assister à la soirée-causerie réunissant le premier ministre Justin Trudeau et le député de Ville-Marie–Le Sud-Ouest–Île-des-Sœurs, Marc Miller. Une activité de financement comme il s’en tient souvent, mais à la saveur électorale indéniable, à quatre mois du grand jour.

« Je pense qu’on va gagner encore. Je vois qu’il donne plus aux pauvres qu’aux riches. Normalement, le monde aime ça », croit Charles Larocca, donateur depuis l’époque de Pierre Elliott Trudeau, qui se dit peu inquiet du retard qu’ont récemment pris les libéraux dans les intentions de vote.

« Il y a eu des erreurs de faites, oui. Mais je blâme un peu les médias sociaux qui ont pris [la place des médias traditionnels] et qui véhiculent beaucoup de fausses nouvelles », estime pour sa part Robert Ohayon, fidèle contributeur, qui a bon espoir que les libéraux « remonteront la pente ».

D’une Trudeau à un autre

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Margaret Trudeau, mère de Justin Trudeau et ex-femme de Pierre Elliott Trudeau, a pris la parole avant l’arrivée du premier ministre, hier soir.

Dans la salle de réception de l’hôtel William Gray, une heure après le début prévu, un membre du clan Trudeau est bien sur scène, aux côtés du député Miller. Or, il s’agit plutôt de l’ex-première dame du Canada Margaret Trudeau. Elle parle de santé mentale.

« C’est important de garder l’équilibre dans vos vies pour garder un esprit sain », témoigne celle qui vit avec la dépression bipolaire. « Mais quand les médecins parlent de l’importance de bien dormir, de l’exercice, des hormones… personne n’écoute. Par contre, tout le monde est curieux de savoir ce qui s’est passé dans ma vie ! », a raconté au public l’ex-femme de Pierre Elliott Trudeau.

C’est que la charismatique Mme Trudeau présentera un one woman show autobiographique à Montréal, cet été, dans le cadre du festival Just for Laughs.

« Ma présence sur scène n’était pas prévue, non », a confié Mme Trudeau à La Presse, entre deux photos sollicitées par des admirateurs de longue date. « Mais je profite de chaque tribune pour parler de la cause de la santé mentale. »

Des Raptors à l’énergie fossile

Justin Trudeau arrive finalement à l’événement qui était prévu bien avant la victoire des Raptors de Toronto et les festivités qui ont eu cours toute la journée dans la Ville Reine.

« Désolé du retard ! Ç’a a été une journée magnifique à Toronto pour célébrer les Raptors. Et quelle belle façon de finir la journée, ici, avec vous », lance-t-il à ses partisans qui l’applaudissent chaudement, sans prononcer un mot sur les événements venus assombrir le rassemblement pour les champions de la NBA, en fin d’après-midi : des coups de feu au milieu de la foule ont fait quatre blessés graves, trois personnes ont été arrêtées et deux armes ont été saisies.

Marc Miller l’entraîne rapidement sur le sujet des prochaines élections. Où le premier ministre entend-il mettre son énergie durant la campagne ?

« L’environnement me vient en tête en premier, avance Justin Trudeau. On ne peut pas avoir un plan pour la croissance de l’économie sans avoir un plan pour l’environnement en même temps. Notre monde est en train de changer. »

Le chef du Parti libéral admet qu’il reste beaucoup de travail à faire, mais il estime que l’approche de son parti « est la bonne », et il accuse les conservateurs de « vouloir revenir en arrière », ce qui sera le cheval de bataille des libéraux durant la campagne électorale.

Je suis 100 % confiant que le Canada, si on continue sur le même chemin que maintenant, va atteindre son objectif de l’accord de Paris.

Justin Trudeau, premier ministre du Canada

« Nous devons continuer de dépendre de l’énergie fossile pour encore un petit bout de temps. Mais si on investit [l’argent généré par notre énergie fossile] dans l’énergie verte, on sera en mesure d’assurer la transition », a défendu le premier ministre dans la langue de Shakespeare.

Pendant que Marc Miller et Justin Trudeau, assis dans des fauteuils surélevés par une petite scène, parlent des accomplissements du Parti libéral – « On a repris le dialogue avec les gens, […] la classe moyenne sent maintenant qu’elle fait partie de l’économie » –, des téléphones cellulaires sont tenus à bout de bras pour immortaliser le moment. La discussion prend fin au bout de 25 minutes. Les donateurs sont invités à prendre une photo au côté du chef du Parti libéral, qu’ils soutiennent, coûte que coûte.