(Ottawa) Avant de dévoiler leur plan environnemental, la semaine prochaine, les conservateurs d’Andrew Scheer lanceront un blitz quotidien sur les médias sociaux visant à mettre en relief que le gouvernement Trudeau, malgré ses prétentions, n’arrivera pas à respecter les cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre découlant de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

La Presse a obtenu une note interne destinée au chef conservateur Andrew Scheer dans laquelle ses proches collaborateurs expliquent soigneusement la stratégie qui doit mener au discours qu’il doit prononcer au Québec la semaine prochaine sur l’environnement et la lutte contre les changements climatiques.

Ce discours est le dernier – et le plus attendu – des cinq allocutions que doit prononcer le chef conservateur afin d’expliquer aux Canadiens ce qu’il compte faire s’ils décident de lui confier les rênes du pouvoir le 21 octobre.

«Les libéraux continuent à dire qu’ils vont atteindre les objectifs de Paris, malgré les preuves considérables que ce n’est pas le cas. Malgré des reportages médiatiques sur le sujet, les Canadiens ignorent que le Canada n’atteindra pas les objectifs de l’Accord de Paris. Encore moins de Canadiens savent que l’écart entre les émissions du Canada et nos objectifs de Paris grandit. En d’autres termes, nous nous éloignons de plus en plus des objectifs de Paris», peut-on lire dans ce mémo.

En signant l’Accord de Paris, en décembre 2015, le gouvernement Trudeau s’est engagé à ramener les émissions de GES du Canada à 30% sous la barre des niveaux de 2005 d’ici 2030. Il s’agit en fait des mêmes cibles qu’avait adoptées l’ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper lorsqu’il était au pouvoir.

Pour atteindre cet objectif, le gouvernement Trudeau a décidé d’imposer un prix sur le carbone dans les provinces qui n’ont pas de plan adéquat pour réduire les émissions de GES. Ces provinces sont l’Ontario, la Saskatchewan, le Manitoba et le Nouveau-Brunswick. L’Alberta tombera aussi sous le coup de ce régime, le nouveau gouvernement conservateur de Jason Kenney ayant récemment aboli la taxe sur le carbone imposée par le précédent gouvernement néo-démocrate de Rachel Notley.

Dans la note interne des conservateurs, on souligne, graphiques à l’appui, les plus récentes projections du ministère de l’Environnement et Changement climatique selon lesquelles que les émissions de GES du Canada s’établiront à 616 mégatonnes en 2030, alors que le gouvernement canadien s’est engagé à les ramener à 517 mégatonnes en vertu de l’Accord de Paris.

Les stratèges conservateurs comptent utilisent ces graphiques dans leur blitz sur les médias sociaux. «Nous devons continuer à transmettre le message que la taxe sur le carbone de Trudeau n’est pas un plan environnemental ni un plan de réduction des émissions. Il faut mettre en lumière comment Trudeau va rater les objectifs de Paris», peut-on lire dans la note.

Depuis la fin avril, les troupes d’Andrew Scheer attaquent de plus en plus le bilan du gouvernement Trudeau dans le dossier de l’environnement à la Chambre des communes durant la période de questions. À chaque fois, les libéraux ripostent que les conservateurs n’ont à ce jour proposé aucun plan crédible qui permettrait de contrer les effets des changements climatiques.

L’objectif des conservateurs est miner la crédibilité des libéraux de Justin Trudeau dans le dossier environnemental avant de proposer leur propre remède aux maux qui affligent la santé de la planète. La manœuvre est un prélude à l’importance que pourrait occuper ce dossier durant les élections fédérales de cet automne.

Cette offensive survient alors que le directeur parlementaire du budget Yves Giroux doit publier jeudi un nouveau rapport évaluant la tarification supplémentaire du carbone qui serait nécessaire pour atteindre les cibles de réduction de GES du Canada en 2030. Le directeur parlementaire du budget compte aussi fournir une estimation de l’incidence de cette hausse du prix du carbone sur l’économie canadienne.