Ce ne sont pas 22 millions de dollars, comme promis en campagne électorale, mais bien 30 millions que donnera le gouvernement Legault aux parents d’enfants lourdement handicapés, a appris La Presse.

Les ministres Mathieu Lacombe (Famille) et Marguerite Blais (responsable des Proches aidants) annonceront aujourd’hui une refonte du Supplément pour enfant handicapé nécessitant des soins exceptionnels (SEHNSE). Ce programme a été créé en 2016 à la suite des pressions exercées par l’organisme Parents jusqu’au bout, dont la cofondatrice Marilyne Picard est aujourd’hui députée de la Coalition avenir Québec. Il offre une aide maximale de 962 $ par mois.

Environ 2000 enfants bénéficient de ce programme à l’heure actuelle. Mais dès 2017, des familles ont déploré que leurs enfants aient été jugés inadmissibles même s’ils ont besoin de soins importants. Plus de 2000 demandes ont été refusées.

François Legault s’est engagé en campagne électorale à permettre à plus de familles de bénéficier du programme. Il a promis d’injecter 22 millions à cette fin, dès la première année du mandat.

Or, le premier budget caquiste ne prévoyait aucune nouvelle somme pour les enfants handicapés, ce qui a soulevé un tollé. Le gouvernement expliquait alors que la refonte nécessitait plus de temps que prévu. « Je prends un engagement personnel : oui, ces parents vont recevoir au moins 22 millions de plus dès que le programme sera prêt », a déclaré le premier ministre François Legault à l’Assemblée nationale le 26 mars dernier.

Des attentes non comblées

L’annonce ne comblera toutefois pas toutes les attentes. L’organisme Parents pour toujours, qui représente des parents ayant un enfant handicapé d’âge majeur, déplore que le gouvernement n’ait toujours rien à lui présenter pour répondre à ses revendications. Il réclame une réduction de l’écart entre le soutien offert par l’État aux familles naturelles et aux familles d’accueil. Ces dernières reçoivent 70 % de plus (44 254 $ pour une famille d’accueil, contre 25 632 $ pour une famille naturelle), selon une étude récente commandée par l’organisme auprès de Raymond Chabot Grant Thornton.

« Parents pour toujours s’est entretenu [hier] avec le chef de cabinet du ministre [Lionel] Carmant. Les nouvelles ne sont pas ce à quoi nous nous attendions », a déploré l’organisme sur Facebook. « Il appert que la personne avec qui nous sommes habituellement en contact a fait erreur quand elle nous a affirmé que le gouvernement allait nous présenter une offre à la mi-juin. Oui, c’est vraiment particulier…  »

« Parents pour toujours est évidemment extrêmement déçu de constater que nous avons été mal informés au départ, poursuit-il. La promesse du dépôt d’une offre par le gouvernement à la mi-juin a suscité beaucoup, beaucoup d’espoir au sein de nos familles. Nous qui, encore la semaine dernière, avions l’impression de voir enfin la lumière au bout du tunnel, nous voilà replongés dans la noirceur de l’attente. »

Selon son message, le gouvernement lui a confirmé qu’il « veut réduire l’écart entre le soutien accordé aux familles naturelles et aux familles d’accueil  », que «  le dossier est piloté au bureau du premier ministre », qu’il « n’est pas sur une tablette » et que « plusieurs ministères sont impliqués  ». Québec doit, dans une première étape, évaluer l’écart réel, ce qui devrait être terminé à la fin du mois.