Le chef conservateur Andrew Scheer juge que le terme « génocide » qu’a retenu l’Enquête nationale sur les femmes et filles autochtones disparues et assassinées n’est pas approprié pour décrire la situation.

Dans sa première disponibilité médiatique depuis la parution de ce rapport accablant, il y a une semaine, le leader de l’opposition a fait état de son inconfort par rapport à cette conclusion des commissaires.

« Toute vie perdue tragiquement a un énorme impact sur les familles et les proches, et le gouvernement peut poser des gestes concrets pour protéger les plus vulnérables de notre société, incluant les femmes et filles autochtones », a-t-il offert.

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

Andrew Scheer

« Cela dit, les ramifications du terme génocide sont très profondes, ce terme est très grave, et il est lourd de sens. La tragédie touchant les femmes et des filles autochtones est une tragédie en soi, et elle ne tombe pas dans cette catégorie », a ajouté M. Scheer.

« Je pense qu’il faut être très prudent avec l’emploi de ce terme », a-t-il noté, semblant redouter les conséquences qui pourraient découler du fait que le gouvernement du Canada reconnaisse un génocide sur son territoire.

Le chef de l’opposition a par ailleurs a soutenu qu’il lirait attentivement le rapport déposé lundi dernier et ses 231 recommandations, tout en prévenant que certaines d’entre elles pourraient poser problème – sans néanmoins préciser lesquelles.

« Il y a des choses qu’on ne peut pas accepter. Il y a des choses simples, mais d’autres choses qu’on doit continuer à étudier », a affirmé Andrew Scheer en point de presse dans le foyer de la Chambre, promettant de « revenir avec une réponse plus [détaillée] ».

« Génocide culturel », plus « approprié »

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Justin Trudeau

Le premier ministre Justin Trudeau, qui avait évité de prononcer le mot « génocide » le jour du dépôt du rapport, a par la suite dit accepter les conclusions des commissaires, « y compris celle que ce qui s’est passé équivaut à un génocide ».

Il n’était toutefois pas allé jusqu’à dévoiler s’il souscrivait personnellement au terme. Il l’a fait ce matin, en entrevue au micro de Gravel le matin, l’émission matinale de Radio-Canada.

« Moi, je me replie sur les mots utilisés dans la Commission de vérité et réconciliation il y a quelques années [en 2015], où ils ont parlé de “génocide culturel” ; je pense que ça a été très, très bien défini », a-t-il déclaré.

« Pour moi, c’est un peu plus approprié, je pense, de parler de “génocide culturel” », a spécifié Justin Trudeau, qui était dans la région de Montréal annoncer son intention de bannir les articles en plastique à usage unique d’ici 2021.

Plastique: Scheer en désaccord

Sur la colline, à Ottawa, son rival conservateur a descendu en flammes cette annonce « sans détails, sans plan » faite « dans les derniers jours d’un gouvernement [aux prises] avec des scandales de corruption qui est désespéré de changer la conversation ».

Et si le Parti conservateur prend le pouvoir le 21 octobre prochain, cette mesure sera reléguée aux oubliettes, à en croire les propos tenus par Andrew Scheer en point de presse.

« On peut être assuré que ça aurait un impact négatif sur les consommateurs, sur les emplois, sur notre économie. Il y a des façons de réduire notre consommation de ressources non renouvelables sans imposer une interdiction », a-t-il argué.

« C’est meilleur d’avoir des incitatifs, des choses pour inciter les gens à réduire leur consommation », a fait valoir Andrew Scheer.