(Québec) Les impatients devront ravaler leur sentiment d’urgence : le ministre Lionel Carmant n’est toujours pas prêt à présenter un plan d’action destiné à s’attaquer au problème des listes d’attente de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ).

Lors d’un bref entretien avec La Presse canadienne, le ministre a accepté d’ouvrir un peu son jeu dans ce dossier pour la première fois, lundi en fin de journée, alors que les voix se multiplient pour faire pression sur lui en vue de réclamer de toute urgence un plan d’action crédible, avec un échéancier et des mesures concrètes, pour venir en aide aux enfants vulnérables de la DPJ.

« Mes attentes personnelles sont élevées dans ce dossier-là. Je pense qu’il n’y a personne qui se met plus de pression que moi à régler ce dossier-là », a commenté le ministre, qui sortait de la commission parlementaire en train d’étudier le projet de loi 2 sur le cannabis.

Mais il admet qu’il est toujours incapable de tracer un portrait général des besoins en termes de ressources additionnelles à fournir aux DPJ de tout le réseau, pour raccourcir les délais entre un signalement et une évaluation.

Il admet aussi qu’il n’a pas été très « précis » jusqu’à maintenant, en termes d’échéances à fournir et de mesures à prendre pour mieux répondre aux besoins.

« La raison pourquoi je ne suis pas précis », dit-il, c’est que la séquence prévue demande du temps : il a demandé à toutes les DPJ du réseau (par le biais des CISSS et des CIUSSS desquels ces organismes relèvent) de lui fournir un « plan d’action » local décrivant ses besoins pour améliorer le service aux enfants.

Mais le réseau n’a pas d’échéance précise à respecter et cette étape n’est pas encore complétée.

Quand elle le sera, le ministre dit qu’il pourra alors avoir une vue globale des besoins pour tout le territoire québécois et « on va établir notre plan d’attaque ».

Et quand cela aura-t-il lieu ?

« Le plus tôt possible », répond le ministre, qui refuse toujours de fixer une date sur le calendrier.

Il rappelle qu’il a réussi à débloquer 18 millions dans le dernier budget du gouvernement, ce qui devrait permettre de procéder à l’embauche de 150 personnes « pour consolider les équipes ».

Questionné à savoir à quel pourcentage des besoins budgétaires cette somme correspondait, il a dit refuser « de spéculer ». Il faut d’abord connaître « les besoins de chaque région avant de répondre à cette question », dit-il, se montrant confiant d’obtenir les budgets additionnels nécessaires.

Il reconnaît cependant que les 18 millions annoncés au printemps seront loin d’être suffisants pour éliminer les listes d’attente. « Ça va aider, mais pour vider les listes d’attente, ça va prendre un autre geste significatif. Ça, c’est sûr. »

Le Québec a dépassé le cap des 100 000 signalements annuels — un bond de 12 % l’an dernier seulement —, laissant des milliers d’enfants vulnérables sur des listes d’attente, et de plus en plus longtemps, faute de personnel pour s’en occuper.