(Ottawa) Le député conservateur qui a cité l’homme accusé d’avoir tué 51 personnes à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, ne verra pas ses mots effacés. Pas encore.

La Chambre des communes a refusé d’entériner la décision d’un comité parlementaire qui comptait enlever du procès-verbal d’une de ses réunions les mots prononcés par Michael Cooper.

Le député libéral Randy Boissonnault s’est donné pour mission de faire disparaître les mots. Il se résigne maintenant à ne pas voir le compte-rendu officiel de la réunion modifié par l’ensemble des élus.

PC

Michael Cooper

« On est en train de regarder nos options et une option-clé devant nous, c’est de retourner au comité de justice et de regarder la motion », a-t-il confié en entrevue, calculant qu’avec « plus de 600 motions » au feuilleton, la sienne ne risque pas d’être débattue avant que les Communes n’ajournent le 21 juin et que le Parlement soit dissous en prévision des élections d’octobre.

En Chambre, lundi après la période des questions, M. Boissonnault a demandé l’adoption à l’unanimité de sa motion. Il s’était à peine levé pour demander cet appui que, des banquettes des conservateurs, une chorale de « non » assourdissants s’est élevée.

« Je sais les sensibilités. Je sais la raison pour laquelle les gens ont trouvé que les citations de l’homme qui a tué les innocents à Christchurch étaient offensantes. D’un autre côté, c’est une transcription de quelque chose qui s’est passé », commentait le matin même le chef conservateur Andrew Scheer.

On en comprenait que les conservateurs n’étaient pas prêts à participer à la réécriture de l’Histoire.

« Pour moi c’est incompréhensible. C’est une manipulation frauduleuse de la liberté d’expression », a lancé le libéral Mark Miller à propos du refus des conservateurs d’effacer les mots du député Cooper.

« Michael Cooper s’est excusé », a rappelé la conservatrice Marilyn Gladu. « C’était un manque de jugement. Mais c’était en appui à l’argument qu’il tentait de faire, que les conservateurs n’ont aucun lien avec les extrémistes », a-t-elle ajouté.

À cette réunion de comité du mois dernier, M. Cooper avait également rappelé le nom de l’individu qu’une loi néo-zélandaise interdit de nommer.

Même s’il s’est excusé, le député a perdu sa place au comité de la justice.

Lundi, pendant tout ce brouhaha, il était absent des Communes.