(Paris) Le premier ministre Justin Trudeau et le président français Emmanuel Macron ont défendu leurs efforts communs pour apaiser les inquiétudes des citoyens, ont dénoncé ceux qui cherchent à tirer profit de telles craintes et ont rejeté l’idée que leur message ne passait pas auprès d’un électorat inquiet.

Réunis vendredi dans la salle de bal de l’Élysée après leur deuxième rencontre face à face en un mois, les deux dirigeants, souvent qualifiés de proches, ont reconnu que de nombreuses personnes au Canada, en France et ailleurs sont inquiètes pour leur avenir.

La croissance de la technologie numérique qui automatise les tâches et menace des emplois, les préoccupations liées à l’immigration et la menace des changements climatiques ont mené à une montée de l’isolationnisme, a déclaré M. Macron, et à un déclin du discours politique.

Sans nommer personne en particulier, les deux dirigeants ont montré du doigt ceux que M. Trudeau a décrits comme les personnes qui essaient « d’amplifier ou de faire écho à ces craintes sans offrir de solutions ».

« Ce qu’Emmanuel sait, ce que je sais, ce sur quoi nous avons travaillé très fort, à la fois ensemble et individuellement et dans nos pays, a été de montrer aux gens que nos institutions peuvent fonctionner », a déclaré M. Trudeau. « Nos gouvernements peuvent fonctionner pour aider les familles. »

Les deux dirigeants ont spécifiquement cité l’importance du libre-échange et de la lutte contre les changements climatiques comme des éléments essentiels pour atténuer l’anxiété des électeurs, et ont promis de promouvoir les droits de la personne et les valeurs partagées.

Ces efforts seront stimulés sur la scène internationale au moment où la France succédera au Canada à titre d’hôte du Sommet du G7, ce qui signifie que l’agenda progressiste partagé par MM. Macron et Trudeau se poursuivra au moins une année dans ce forum.

Il reste maintenant à savoir si les électeurs de leur propre pays adhèrent à leurs messages. Tous deux ont eu du mal à gagner en popularité ces derniers mois, alors que le nationalisme de droite, au Canada comme ailleurs, s’est développé.

Les deux dirigeants ont rejeté les sondages, affirmant qu’ils n’avaient aucune incidence sur leurs actions et que la seule mesure du succès ou de l’échec sera prise au moment des élections.

« Ce n’est pas une question de popularité, c’est une question de faire les bonnes choses, de la bonne façon, de démontrer que, quand on travaille ensemble de façon raisonnable et positive, on peut accomplir de grandes choses et on a pu faire ça, on continue de faire ça ensemble à l’échelle internationale et dans nos propres pays », a déclaré M. Trudeau

« C’est ce sur quoi nous restons concentrés et c’est ce dont je vais certainement parler sur le plan personnel alors que nous entamerons cette campagne électorale. »

Le parti de M. Macron est arrivé en seconde position derrière un parti d’extrême droite aux élections au Parlement européen, le mois dernier.

Le président français, qui a rencontré le président américain Donald Trump, jeudi, à l’occasion de l’anniversaire du jour J, a semblé faire référence à ce moment crucial de la Seconde Guerre mondiale lorsqu’il a déclaré qu’il était plus facile de promouvoir des messages de type « nous contre eux » plutôt que des solutions.

« C’est ce que l’histoire nous montre », a déclaré M. Macron, ajoutant : « Nous devons montrer que la démocratie est efficace. »