La chef du Parti vert du Canada, Elizabeth May, a prononcé dimanche un discours émotif au congrès de la Fédération canadienne des municipalités (FCM), à Québec, appelant « tout le monde sur le pont » pour s’attaquer sérieusement à l’urgence climatique.

« On doit travailler ensemble, on doit faire face à la menace contre notre avenir et on doit faire ça ensemble. Ce n’est pas un moment pour diviser la population du Canada, c’est le moment d’avoir tout le monde sur le pont ! », a-t-elle déclaré dans une rare portion en français de son allocution.

Insistant sur l’état d’urgence auquel la planète fait face, la chef des Verts a souligné que l’enjeu du climat est « une menace à la sécurité, pas seulement un problème environnemental ».

Elle a également offert un plaidoyer en faveur de la science, soutenant que la toute première chose à faire pour un nouvel élu serait de s’informer pour comprendre ce que disent les scientifiques au sujet de l’urgence climatique.

« L’atmosphère ne négocie pas avec l’humanité. On ne peut pas argumenter avec la physique. On se retrouve dans la situation actuelle parce que pendant des décennies, nous avons ignoré les avertissements des scientifiques », a-t-elle rappelé.

Elizabeth May n’est d’ailleurs pas tendre à l’endroit de ses collègues de la classe politique à travers le monde.

« Quand je cherche du leadership sur la planète, je ne le trouve pas parmi les élus comme moi. Je le trouve chez une jeune étudiante de 16 ans à Stockholm. Greta Thunberg est la meneuse d’un mouvement formé par nos enfants qui nous forcent à reconnaître honteusement qu’on leur a volé leur avenir », a critiqué la députée fédérale de Colombie-Britannique.

La politicienne estime que les décideurs ont tellement peur de passer à l’action pour sauver l’humanité qu’on est prêt à laisser aller et à se condamner. « Je ne vais pas abandonner mes enfants et je sais que vous ne le ferez pas non plus », a-t-elle lancé.

Selon elle, le seul exemple historique comparable à la gravité de l’état d’urgence actuel est l’évacuation des troupes britanniques retranchées sur la plage de Dunkerque lors de la Seconde Guerre mondiale. Même si toute l’armée britannique était prise au piège, à la merci des troupes nazies, le gouvernement de Winston Churchill a refusé de capituler. Il ne l’a pas fait, lançant l’opération Dynamo qui a permis de récupérer le corps expéditionnaire. À l’époque, même les embarcations civiles à Douvres avaient été mobilisées.

« Je me demande aujourd’hui, en 2019, quel est l’équivalent de la question de Winston Churchill qui demandait : “Combien y a-t-il d’embarcations civiles à Douvres ? ” », a partagé la chef des Verts. La réponse est « combien de groupes communautaires veulent agir à l’échelle locale ? Planter des arbres ou installer des panneaux solaires sur les toits ? »

« Nous n’avons pas moins de courage, de détermination ou de sens des responsabilités que nos parents et nos grands-parents. Nous sommes les mêmes, nous sommes une famille et on prend soin les uns des autres », observe-t-elle.

Au terme du discours de sa chef, le Parti vert du Canada a annoncé par communiqué qu’il endossait la Déclaration d’urgence climatique de l’organisation indépendante GroupMobilisation.

Appui aux municipalités

Mme May a assuré les représentants municipaux que les Verts allaient défendre leurs demandes à Ottawa. Elle s’est notamment engagée à soutenir un financement stable et à long terme des programmes d’infrastructures de transport public, de traitement des eaux et de logement.

Au-delà des chèques du fédéral, c’est une voix à la table de discussion que souhaite donner le Parti vert aux municipalités ainsi qu’aux Premières nations. En se basant sur le modèle australien, elle propose la création d’un conseil des gouvernements canadiens. Une telle structure rassemblerait des représentants fédéraux, provinciaux, municipaux et des communautés autochtones.

L’élue qui représente la circonscription de Saanich—Gulf Islands en Colombie-Britannique, à la Chambre des communes, était invitée à prononcer le dernier discours politique au rassemblement de la FCM.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Justin Trudeau au congrès de la Fédération canadienne des municipalités, vendredi

Au cours des jours précédant le discours de Mme May, dimanche, les autres chefs de partis nationaux ont pu bénéficier de la même tribune. Le premier ministre et chef du Parti libéral, Justin Trudeau, ainsi que le chef du Parti conservateur, Andrew Scheer, ont pris la parole vendredi alors que le chef du Nouveau parti démocratique, Jagmeet Singh, a fait de même samedi.

Seul le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, n’a pas été invité à participer au congrès, a confirmé son équipe à La Presse canadienne.

L’ensemble des municipalités membres ont discuté durant quatre jours, au Centre des congrès de Québec, de leur mobilisation en vue de l’élection générale fédérale de l’automne prochain. De nombreux ateliers et conférences figuraient également au programme de l’événement.