(Québec) La Fédération médicale étudiante du Québec (FMEQ) et les trois partis d’opposition exhortent le premier ministre François Legault à élargir son champ de vision et d’action en environnement.

Ils ont tenu un point de presse conjoint mercredi, à l’Assemblée nationale, pour fournir des exemples concrets de l’impact des changements climatiques sur la santé et demander au gouvernement d’en faire plus notamment en verdissement urbain.

Dimanche dernier, au terme d’un conseil général de la Coalition avenir Québec (CAQ), M. Legault a annoncé qu’il faisait de l’électricité la pièce maîtresse de sa vision environnementale : exploiter l’énergie verte pour réduire l’utilisation du pétrole et créer de la richesse.

« À chaque fois qu’on l’entend, on a l’impression qu’il a inventé le pain tranché, a raillé la députée libérale Marie Montpetit. Mais l’hydroélectricité, je veux dire, c’est Robert Bourassa, 1960, hein, ce n’est pas vraiment nouveau.

“Penser qu’on va régler la lutte aux changements climatiques juste avec l’hydroélectricité, c’est vraiment se mettre un doigt dans l’œil », a-t-elle ajouté.

Il faut élargir la vision, identifier également les facteurs provoquant des problèmes de santé et agir contre ceux-ci, ont martelé les groupes, mercredi.

Car la pollution et les changements climatiques représentent un risque réel pour la santé des Québécois, a soutenu Roxanne St-Pierre Alain, externe en médecine à l’Université de Sherbrooke, et déléguée aux affaires internationales de la FMEQ, qui représente plus de 4000 étudiants en médecine au Québec.

Pensons aux vagues de chaleur qui ont frappé la province au cours des dernières années — l’été dernier à Montréal, 66 décès ont été causés par la canicule, a rappelé Mme St-Pierre Alain.

La maladie de Lyme est un autre exemple concret de l’impact des hausses des températures, selon la FMEQ. Alors que seuls cinq cas avaient été répertoriés au Québec en 2011, ce chiffre s’élevait à 219 l’été dernier.

En outre, au Québec, on estime à plus de 44 000 le nombre d’enfants souffrant d’asthme causé par la pollution émise par les véhicules à essence.

Il y a aussi des effets sur la santé mentale, selon la FMEQ. « On ne peut que compatir avec les victimes des inondations de ce printemps dernier à la grandeur du Québec, particulièrement en connaissant leur risque d’éprouver de la détresse psychologique, soit sous la forme de dépression ou de syndrome post-traumatique, qui est quatre fois plus élevé suivant les inondations, a déclaré Mme St-Pierre Alain. Tous ces impacts sur la santé montrent qu’il y a une urgence d’agir. »

Certaines mesures concrètes, telles que le verdissement urbain, peuvent rapidement avoir un impact positif sur la santé de la population, a-t-elle poursuivi.

Augmenter le couvert végétal permettrait notamment de diminuer la chaleur en ville, mais également de diminuer la pollution de l’air.

La FMEQ recommande que 1 % des dépenses du gouvernement en construction et en rénovation d’infrastructures publiques soit investi en verdissement.

Elle recommande également l’amélioration du réseau de transport en commun et la mise en place de cibles pour atteindre les objectifs du Québec en matière de réduction des gaz à effet de serre (GES).

L’opposition unanime

De façon unanime mercredi, les trois partis d’opposition ont demandé à M. Legault de déployer une stratégie climatique à plusieurs volets à laquelle les Québécois pourront adhérer.

« À l’heure actuelle, il ne fait rien de concret », déplore Mme Montpetit, en soulignant les « incohérences » du gouvernement, qui continue à appuyer le projet de gazoduc GNL Québec à Saguenay, le troisième lien à Québec ainsi que l’usine d’urée à Bécancour.

Elle appuie l’idée du député péquiste Sylvain Gaudreault selon laquelle le ministère de l’Environnement devrait prendre en considération les émissions de GES de tout projet nécessitant une autorisation de sa part.

M. Gaudreault a aussi demandé que l’Institut national de santé publique du Québec étudie les impacts des changements climatiques sur la santé, « des impacts en termes de coûts, des impacts en termes de soins et des recommandations en termes de prévention ».

Pour sa part, la députée Ruba Ghazal, de Québec solidaire, s’est inquiétée des propos récents du premier ministre, qui a laissé entendre qu’il vendrait l’hydroélectricité québécoise à rabais. « La question que je me pose, c’est : allons-nous harnacher toutes nos rivières pour après ça vendre l’hydroélectricité pour verdir les autres ? »

« Il y a d’autres enjeux (que l’hydroélectricité) mais le grand enjeu c’est de réduire les GES et ça passe beaucoup par des énergies propres », s’est défendu M. Legault en mêlée de presse.

Par ailleurs, tous les partis à l’Assemblée nationale se sont dits profondément choqués de voir les images d’un ours pataugeant dans de l’eau rouge.

Les images, publiées mercredi par Le Journal de Québec, seraient celles d’un déversement de la minière Tata Steel près de Schefferville.

« C’est préoccupant de voir la couleur de l’eau, a déclaré le premier ministre. Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a le dossier entre ses mains. »