(Ottawa) Le gouvernement Trudeau passe de la parole aux actes dans la foulée de l’élimination des tarifs douaniers américains sur les exportations canadiennes d’acier et d’aluminium: il met en branle la mécanique parlementaire pour ratifier la nouvelle mouture de l’Accord de libre-échange nord-américain, rebaptisé l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) depuis l’automne dernier.

La ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland, qui a piloté les difficiles négociations avec l’administration Trump et le Mexique pendant plusieurs mois qui ont mené à la conclusion d’un nouvel accord en septembre, a déposé lundi une motion de voies et moyens à la Chambre des communes pour mettre en œuvre l’ACEUM.

En principe, le cabinet ratifie les traités commerciaux, mais la Chambre des communes et le Sénat doivent tout de même adopter un projet de loi de mise en œuvre – un exercice qu’a lancé aujourd’hui la ministre Freeland.

Le gouvernement Trudeau s’était engagé à ratifier ce nouvel accord, mais il exigeait au préalable que les États-Unis éliminent les tarifs douaniers qui frappaient les exportations canadiennes d’acier (25%) et d’aluminium (10%) depuis le 1er juin 2018. Ces tarifs ont été abolis il y a deux semaines.

S’il entame la ratification du nouvel accord, le gouvernement Trudeau n’a toutefois pas l’intention d’appuyer à fond sur l’accélérateur, même s’il ne reste que quatre semaines de travaux parlementaires avant les élections fédérales du 21 octobre.

En effet, la ministre Chrystia Freeland a fait savoir au cours des derniers jours que le Canada compte suivre le même rythme que le Congrès américain pour ce qui est de la ratification afin de s’assurer de maintenir la pression sur Washington.

Dans la capitale américaine, plusieurs élus démocrates exigent des modifications à l’accord conclu l’automne dernier, notamment au chapitre de la protection des travailleurs et de l’environnement – une demande que rejette l’administration républicaine de Donald Trump.

Les demandes des démocrates risquent donc de donner lieu à un bras de fer entre la Chambre des représentants, majoritairement démocrate, et la Maison-Blanche.

À Ottawa, le Parti conservateur appuie la ratification de l’ACEUM. Le NPD réclame pour sa part une étude approfondie des nouvelles clauses incluses dans l’accord. Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a fait valoir lundi aux Communes qu’il n’y avait pas d’urgence à ratifier l’accord et que le gouvernement Trudeau doit attendre le fruit des efforts des démocrates visant à l’améliorer avant de procéder.

Mais l’administration de Donald Trump entend agir rapidement. D’ailleurs, le vice-président des États-Unis, Mike Pence, sera de passage à Ottawa le jeudi 30 mai afin d’évaluer les moyens à prendre, des deux côtés de la frontière, afin d’accélérer les choses.