(Saint-Jean) Le Parti libéral du chef Dwight Ball est réélu à Terre-Neuve-et-Labrador, mais formera un gouvernement minoritaire.

Les électeurs ont exprimé leur frustration à l’égard de la politique traditionnelle en réduisant les libéraux en place au statut minoritaire, un événement rare dans l’histoire de la province.

La dernière fois qu’un gouvernement en exercice avait remporté moins de la majorité, c’était en 1971, lorsque le premier premier ministre de la province, Joey Smallwood, avait échoué à obtenir son septième gouvernement majoritaire consécutif.

Les libéraux du premier ministre Dwight Ball ont remporté 20 des 40 sièges de la législature, les progressistes-conservateurs — dirigés par la recrue politique Ches Crosbie — ont obtenu 15 sièges, les néo-démocrates en ont remporté trois et le portrait est complété par deux indépendants.

M. Ball a pris un ton conciliant dans un discours de victoire qui mettait l’accent sur son engagement à travailler avec d’autres membres de la législature. Il n’a jamais mentionné le statut désormais minoritaire de son gouvernement.

« Il est important que nous travaillions ensemble pour le bien de tous les habitants de Terre-Neuve et du Labrador », a-t-il déclaré. « Je continuerai à accueillir la collaboration au sein de la chambre. »

Le premier ministre a ensuite rappelé à ses partisans que les libéraux avaient travaillé dur pour faire face à une situation économique très difficile.

« Nous avons surmonté la pire situation financière à laquelle cette province ait jamais été confrontée », a-t-il déclaré. « Nous rétablirons les surplus budgétaires dans le cadre de ce nouveau mandat. »

Dans un discours au ton bien différent devant ses partisans à Saint-Jean, M. Crosbie a prédit que le gouvernement libéral serait renversé d’ici un an en raison du mécontentement exprimé par les électeurs face à l’indécision et au manque de direction du parti.

« Nous sommes maintenant dans une situation d’instabilité constitutionnelle… Le vote populaire est extrêmement serré », a-t-il fait valoir.

M. Crosbie a déclaré qu’il parlerait bientôt aux néo-démocrates et aux indépendants récemment élus pour s’assurer que la voie à suivre pour la province mène à la prospérité, à l’espoir et à la création d’emplois.

« Je ne concède pas la victoire aux libéraux », a-t-il affirmé. « Ils devront lutter… pour s’accrocher au pouvoir. »

La victoire tiède des libéraux marque la première fois dans l’histoire de la province qu’un parti au pouvoir ne parvient pas à remporter au moins trois majorités consécutives.

À l’échelle du pays, les libéraux de Terre-Neuve-et-Labrador ont réussi à mettre fin à une série de victoires remportées par les partis de droite contre des gouvernements sortants — dont quatre libéraux — lors de cinq dernières élections provinciales.

Des sondages récents montraient une course serrée entre les libéraux, à la recherche d’un second mandat, et les progressistes-conservateurs, dirigés par l’avocat Ches Crosbie — fils de l’ancien ministre fédéral John Crosbie.

Les libéraux ont lutté pour relancer une économie en perte de vitesse et s’attaquer à une dette énorme, avec à leur tête un chef qui n’a pas vraiment su se faire apprécier par l’électorat.

Les conservateurs de M. Crosbie étaient pour leur part blâmés pour la débâcle de plusieurs milliards de dollars qu’est le projet hydroélectrique de Muskrat Falls.

Le projet a en effet été approuvé par un gouvernement conservateur précédent. Muskrat Falls a maintenant deux ans de retard et son coût initial a doublé pour atteindre 12,5 milliards.

Les résidants ont été avertis que leurs tarifs d’électricité devront doubler pour couvrir les coûts, et une enquête judiciaire en cours a permis de recueillir des informations troublantes sur ce mégaprojet qui a déraillé.

De plus, l’électorat ne semble pas particulièrement apprécier M. Crosbie, cet avocat et recrue politique qui a été élu chef conservateur il y a un peu plus d’un an.

Ches Crosbie promettait évidemment du changement.

Les néo-démocrates de la province, dirigés par l’économiste Alison Coffin, ont été pris au dépourvu lorsque Dwight Ball, un ancien pharmacien, a déclenché des élections anticipées afin d’éviter un conflit avec le vote fédéral de cet automne. Il n’y avait que 14 candidats du NPD qui se présentaient aux élections provinciales.

Lorsque les élections provinciales ont été déclenchées, les libéraux détenaient 27 sièges sur 40, les conservateurs huit, le NPD deux et il y avait trois indépendants.