(Québec) Sensible aux gens « moins riches qui sont locataires », le gouvernement caquiste abandonne la ligne dure dans son projet de loi sur le cannabis.

Ainsi, le cannabis ne sera plus interdit dans tous les lieux publics, car les municipalités pourront permettre la consommation de la substance dans les parcs.

Le ministre délégué à la Santé, Lionel Carmant, a déposé des amendements en ce sens mardi après-midi, au début de l’étude détaillée en commission parlementaire. L’opposition a salué la « brèche » dans le plan caquiste.

En point de presse, le premier ministre François Legault a justifié cet assouplissement. Il a évoqué les locataires « moins riches » à qui il faut laisser un endroit pour consommer du cannabis.

PHOTO PATRICE LAROCHE, LE SOLEIL

Le ministre délégué à la Santé, Lionel Carmant

« Je suis sensible au fait que les gens qui sont moins riches, qui sont locataires, n’ont peut-être pas d’endroit pour fumer du cannabis, parce qu’ils ne peuvent pas fumer dans leur logement, la plupart du temps. Donc, s’ils ne peuvent pas fumer dans un endroit public, est-ce qu’on peut leur trouver un endroit spécifique ? »

Selon l’amendement proposé, une municipalité pourra donc autoriser la consommation dans un parc, sauf dans les sections où se trouvent notamment :

-un terrain sportif et de jeux, les aires réservées aux spectateurs ;

-une aire de jeu pour enfants, pataugeoires, jeux d’eau, planchodromes ;

-terrains des camps de jour et des camps de vacances, patinoires, piscines extérieures.

On reprend ainsi les dispositions de la Loi concernant la lutte contre le tabagisme.

La municipalité devra alors indiquer au moyen d’affiches installées à la vue des personnes qui fréquentent le parc les lieux où il est permis de fumer du cannabis.

En outre, la municipalité devra interdire la consommation de cannabis dans le parc s’il s’y déroule un événement public de nature culturelle, sportive ou commerciale, notamment un festival, un rassemblement sportif ou une fête.

Un engagement « à l’eau »

L’opposition officielle a rapidement fait remarquer que la Coalition avenir Québec (CAQ) renonçait ainsi à un de ses engagements électoraux. « Un de ses engagements électoraux tombe à l’eau », a affirmé le porte-parole libéral en matière de santé, André Fortin, en commission parlementaire.

« J’entendais tout à l’heure le premier ministre répéter qu’il allait respecter 100 % de ses engagements électoraux, c’est 100 % moins un. »

M. Fortin a ajouté que le gouvernement de la CAQ devait maintenant être conséquent et poursuivre dans sa lancée en capitulant sur l’autre aspect controversé de son projet de loi : hausser de 18 à 21 ans l’âge légal minimum pour acheter du cannabis.

Le gouvernement reconnaît que les gens continueront à fumer malgré ses interdictions et être prêt à leur concéder des lieux pour le faire, alors il doit maintenant reconnaître que les jeunes de 18 à 21 ans continueront aussi à fumer malgré l’interdiction projetée, a-t-il plaidé.

« (M. Carmant) a ouvert une brèche pour que les gens puissent fumer à l’extérieur. Si le ministre reconnaît que les gens vont fumer quand même, il doit reconnaître que les 18-21 ans vont fumer quand même. N’est-ce pas mieux pour eux de fumer un produit qu’on connaît et qui est testé et vendu dans un endroit contrôlé ? »