«Outré» par la mort d’une fillette de 7 ans à Granby, le ministre Lionel Carmant a ordonné une vérification pour savoir pourquoi la victime n’a pas été prise en charge malgré les signaux d’alarme qui se multipliaient avant le drame.

«Il y a clairement eu des failles», a convenu M. Carmant, ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux.

L’enfant a succombé à des blessures mardi, après avoir été retrouvée ligotée dans la maison familiale.

Le père, âgé de 30 ans, et sa conjointe ont été accusés de séquestration au palais de justice de Granby. La femme de 35 ans fait aussi face à une accusation de voies de fait graves contre l’enfant. Des accusations devraient s’ajouter avec le décès la petite victime.

La fillette et son petit frère de 5 ans étaient retournés vivre avec leur père il y a quatre ans, malgré l’opposition de leur grand-mère paternelle, qui s’en occupait depuis leur naissance à la demande de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), et malgré des gestes violents commis par la belle-mère.

PC

Lionel Carmant

«Je suis outré par ce que j’ai lu ce matin, a affirmé M. Carmant. Je ne comprends pas comment un enfant qui a été retiré de l’école et dont les grands-parents ont tenté de signaler la situation n’a été pris en charge par le système, par le réseau.»

Le ministre a demandé à ses services de lui fournir un état de la situation afin d’établir comment le cas de l’enfant a été traité. La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse a également été alertée et elle mène des vérifications en parallèle.

Ce processus pourrait mener à une enquête formelle.

Le premier ministre François Legault a lui aussi dit vouloir comprendre pourquoi la fillette n’a pas été prise en charge par le centre jeunesse de sa région.

«C’est épouvantable, ce qui est arrivé avec cette petite fille, a déploré M. Legault. J’ai regardé la possibilité de faire une enquête. On est en train de l’examiner.»

Problèmes de santé mentale et violence

Même si le père souffrait de problèmes de santé mentale, et même si la belle-mère a été reconnue coupable de voies de fait sur la fillette, pour des gestes violents commis en 2017, la DPJ considérait le père apte à s’occuper de sa fille et de son fils de cinq ans, déplore une intervenante communautaire qui a épaulé la grand-mère dans ses démarches pour tenter de protéger les enfants.

«La grand-mère paternelle a tenté de faire valoir les problèmes de santé mentale de son fils, quand l’affaire est retournée en cour, mais la DPJ lui a tout de même confié la garde des enfants», dénonce Karine Darcy, directrice de l’organisme Aide, conseils et assistance aux familles québécoises.

La fillette et son petit frère auraient fait état de sévices corporels, et auraient fait savoir qu’ils ne mangeaient pas à leur faim, selon des rapports remis à leur mère par l’organisme chargé de superviser ses rencontres mensuelles avec ses enfants, que Mme Darcy a pu consulter.

En plus, le juge a permis au père de décider quels pourraient être les contacts entre les bambins et leur famille élargie, ce qui fait que la grand-mère n’avait pas vu les enfants depuis trois ans, après en avoir pris soin depuis leur naissance. Elle a appris le décès de sa petite-fille par les médias.

La petite victime avait cessé de fréquenter l’école depuis quelques semaines. Les parents auraient fait savoir à l’école qu’elle était scolarisée à la maison.

- Avec Hugo Pilon-Larose, La Presse