Tout juste avant que le chef conservateur Andrew Scheer ne confirme qu’il présentera son plan environnemental d’ici juin, l’ancien bloquiste Michel Gauthier — passé dans le camp des bleus depuis quelques mois — a déploré que le débat sur le pétrole, une « richesse canadienne », a été pris en otage par les environnementalistes.

« Ce que je trouve, c’est que le débat, depuis un bon moment, a été laissé aux environnementalistes, qui sont fondamentalement contre le pétrole. Je n’ai presque jamais vu personne présenter les arguments pro-pétrole », a-t-il laissé tomber à son arrivée au conseil général du Parti conservateur.

« Attention, il ne s’agit pas de se lancer dans une promotion de l’industrie pétrolière, a-t-il voulu nuancer. Mais tous ceux qui vous disent “Ah, le pétrole, je ne veux pas en entendre parler ! ” doivent comprendre que c’est des milliers d’emplois au Québec. C’est la richesse canadienne ! »

Et l’ancien député du Bloc québécois a par ailleurs repris à son compte l’argument de la péréquation que met de l’avant le premier ministre désigné albertain, Jason Kenney : « (L’exploitation du pétrole de l’Ouest) contribue puissamment à nous envoyer un chèque de 13 milliards à chaque début d’année », a-t-il argué en mêlée de presse.

Si Michel Gauthier n’a pas hésité à commenter le dossier environnemental dans les couloirs de l’hôtel de Victoriaville où se tient le conseil général, les candidats et députés conservateurs ont préféré user de prudence. La recrue Philippe Gagnon, par exemple, s’est contenté d’offrir qu’il était derrière la position du parti.

Un plan d'ici juin, promet Scheer

Le chef conservateur n’a été guère plus loquace lorsqu’il a annoncé, dans une allocution livrée devant quelques centaines de militants, qu’il dévoilerait son plan environnemental avant l’ajournement des travaux aux Communes, et qu’il viendrait au Québec pour le faire.

« Ce sera un vrai plan qui nous permettra de s’attaquer aux défis environnementaux du 21e siècle. Et je peux déjà vous dire que notre plan ne sera pas de taxer davantage les Canadiens », a exposé Andrew Scheer, qui a promis d’annuler le plan fédéral de tarification du carbone s’il est élu en octobre prochain.

Le chef conservateur n’en a pas dit davantage sur ses velléités environnementales. En revanche, il en avait beaucoup à dire sur Justin Trudeau, multipliant les salves contre le premier ministre dans l’affaire SNC-Lavalin, l’accusant d’avoir « perdu le Nord » et « d’invente(r) des histoires pour cacher la vérité ».

Scheer dans le camp pro-pétrole

Le premier ministre Trudeau réclame depuis plusieurs semaines de voir ce que son rival conservateur compte proposer à l’électorat en matière environnementale, alors que les Canadiens iront aux urnes dans moins de six mois.

Le chef Scheer, lui, ne s’en cache pas : il se défendra bec et ongles les projets d’oléoduc.

C’est ce qu’il a réitéré sur Twitter vendredi en réaction à un article du Globe and Mail. Le quotidien torontois a révélé que le leader des troupes conservatrices et certains de ses plus importants stratèges avaient rencontré des bonzes de l’industrie pétrolière derrière des portes closes pour élaborer un plan visant à chasser Justin Trudeau du pouvoir.

« Je ne m’excuserai pas de défendre les travailleurs (Canadiens) du secteur pétrolier et gazier et de défaire un (gouvernement) qui est déterminé à les éliminer progressivement. Le secteur énergétique nourrit des centaines de milliers de familles et je ne laisserai pas Justin Trudeau l’anéantir », a-t-il tranché sur le réseau social.

Le lieutenant politique du chef au Québec, Alain Rayes, a soutenu en entrevue à La Presse avant l’ouverture du conseil général que le discours sur les oléoducs n’en était pas un « sexy ». Et l’ancien directeur d’école et maire de Victoriaville a fait valoir qu’il faudrait s’adonner à un exercice de « pédagogie », notamment auprès des Québécois.

Duhaime et le «parti des médias»

L’animateur radiophonique Éric Duhaime, qui était l’un des participants à un panel de discussion, a prévenu les militants, candidats et députés que les médias seraient durs avec les conservateurs et leur a recommandé de se tourner vers les réseaux sociaux pour contourner les médias traditionnels.

« Je ne veux pas vous faire de peine, mais je vous annonce tout de suite que vous n’aurez pas l’appui du Parti des médias. C’est sûr et certain que ça ne fait pas partie nécessairement de vos plus grands fans », a-t-il soutenu.

« Mais justement, parce qu’il y a les médias sociaux, parce qu’aujourd’hui c’est possible pour vous de communiquer directement avec votre monde […] Il y a moyen de passer votre message », a enchaîné M. Duhaime.