(OTTAWA) C’est ragaillardis par les récentes victoires conservatrices en Alberta et à l’Île-du-Prince-Édouard que les députés et candidats conservateurs québécois convergeront aujourd’hui et demain à Victoriaville, fief d’Alain Rayes, le lieutenant politique du chef conservateur Andrew Scheer dans la province.

Déjà, à six mois des élections, l’élu et ancien maire victoriavillois croit savoir quelle sera la question de l’urne le 21 octobre prochain : « Est-ce qu’on veut un autre quatre ans de la gestion de Justin Trudeau ? » Et Alain Rayes croit qu’une « vague bleue » peut déferler au Québec. « On croit que c’est faisable. On l’a vu avec la CAQ », argue-t-il.

Alors qu’environ 600 militants conservateurs s’apprêtent à investir l’hôtel Le Victorin pour ce conseil général auquel participeront entre autres l’ex-député bloquiste Michel Gauthier, l’animateur Éric Duhaime ou encore l’homme d’affaires Vincenzo Guzzo, voici l’état des lieux pour les conservateurs québécois.

DANS LA ZONE PARITAIRE

Historiquement, le Parti conservateur a toujours eu plus de difficulté que les autres à attirer des femmes. Au Québec, lors des élections fédérales de 2015, neuf femmes avaient décidé de se présenter sous cette bannière. Sur 78 candidats. « C’était peu enviable », convient Alain Rayes en entrevue avec La Presse. « [Demain], quand on va être sur le stage, on va être à 41 % de femmes sur 56 candidatures déclarées. On vient d’entrer dans la zone paritaire », se réjouit-il.

À l’heure actuelle, en Chambre, le caucus conservateur du Québec est composé de dix hommes et d’une femme, Sylvie Boucher, la seule des neuf candidates qui avait réussi à se faire élire au dernier scrutin. Le Parti conservateur espère que d’autres députées québécoises se joindront à elle et que la récolte sera encore plus abondante en 2019 – en coulisses, on évoque souvent un objectif d’une vingtaine de sièges.

LA FILIÈRE SPORTIVE

L’équipe conservatrice porte la marque du directeur des opérations pour le Québec, Antoine Tardif. Cet ancien gardien de but dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) a joué un rôle dans le repêchage de candidats issus du milieu sportif. C’est ainsi que l’ancien joueur de hockey Angelo Esposito et l’ex-nageur paralympique Philippe Gagnon ont récemment été recrutés pour défendre les couleurs du parti.

« Dans le sport comme dans la politique, il y a beaucoup de similarités. Il y a la joute médiatique, ça prend des gens qui sont travaillants, qui sont persévérants. Et il y a aussi des gérants d’estrade en politique. » 

— Alain Rayes, lieutenant politique d’Andrew Scheer au Québec

Les deux recrues espèrent réaliser le même exploit que Richard Martel, ex-entraîneur de hockey qui a été élu lors d’une élection partielle. « Les gens se posaient la question, à savoir si un coach, ça ferait un bon député ! Allez voir les gens dans [la circonscription] de Chicoutimi–Le Fjord, ils vont vous le dire », lance M. Rayes en parlant de M. Martel, qui avait été congédié d’un poste dans une ligue française après avoir été accusé d’avoir ordonné à un jeune joueur de s’attaquer au gardien adverse, en 2015.

LA FILIÈRE PÉTROLIÈRE

Le gouvernement libéral a clairement signalé ces derniers mois qu’il comptait faire de la question des changements climatiques un enjeu pendant cette campagne. Le premier ministre Justin Trudeau réclame presque quotidiennement d’Andrew Scheer qu’il dévoile enfin le plan qu’il a promis il y a maintenant près d’un an. Le quotidien The Globe and Mail rapportait d’ailleurs hier que le chef conservateur et des stratèges de premier plan avaient rencontré en privé des bonzes de l’industrie pétrolière pour ébaucher un plan afin de défaire les libéraux.

L’image d’un leader propétrole passera-t-elle au Québec ? « C’est clair que c’est un discours qui n’est peut-être pas sexy aujourd’hui pour des personnes, mais nous, on a décidé de faire le discours de la réalité, du pragmatisme. On ne se cache pas la tête dans le sable », répond M. Rayes, précisant n’avoir pas lu l’article en question. « Tout le monde connaît notre position par rapport aux ressources naturelles de l’Ouest canadien ; on est pour l’exploitation », tranche-t-il.

« BONNE CHANCE, MAXIME »

Le lieutenant politique prédit à son ancien collègue conservateur Maxime Bernier avec son Parti populaire le même sort qu’à Jean-Martin Aussant avec son Option nationale. « Ça a créé un engouement, [M. Aussant] remplissait des salles au départ, et quand les élections sont arrivées, il n’a pas réussi à se faire élire et n’a fait élire aucun député », illustre-t-il. S’il souhaite tout de même « bonne chance » – en boutade – au Beauceron, il soutient au passage qu’il trouve « malheureuse la tendance » récente de ce dernier à publier des tweets provocateurs. « Ce que je vois depuis un an, ce n’est pas le Maxime Bernier que j’ai connu. J’ai de la misère à croire que c’est lui qui écrit ses tweets », lance-t-il. Le député de Beauce, soit dit en passant, n’a jamais caché que c’était parfois son proche conseiller Martin Masse qui rédigeait ces micromessages.

LE DISCOURS DE SCHEER

PHOTO JONATHAN HAYWARD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE 

Andrew Scheer prononcera un discours demain devant ses troupes réunies en conseil général à Victoriaville. 

Le conseil général de Victoriaville s’ouvre cet après-midi avec un atelier intitulé « École de la victoire » pour les candidats et leurs équipes. Demain, Andrew Scheer viendra fouetter ses troupes. Dernièrement, le chef a abondamment critiqué Justin Trudeau sur le plan de l’éthique et de l’intégrité, dans la foulée de l’affaire SNC-Lavalin. Tapera-t-il sur ce clou pendant son allocution ? Alain Rayes assure n’en rien savoir. « Mais nous, le congrès a été fait sous la thématique “Un leader, une équipe. Prêts à gouverner”, alors j’imagine que le discours du chef va aller dans ce sens-là. »