(Ottawa) Jagmeet Singh a décidé de « prendre un risque » et de dévoiler publiquement qu’il a été agressé sexuellement à l’âge de 10 ans, en espérant ainsi pouvoir aider d’autres victimes.

Le chef du Nouveau Parti démocratique fédéral relate pour la première fois ces agressions dans un livre paru mardi, « Love & Courage ».

M. Singh y raconte qu’il a été agressé à l’âge de 10 ans par un instructeur en arts martiaux.

En entrevue avec La Presse canadienne, le chef néo-démocrate a aussi dit croire que ses expériences dans l’enfance l’ont aidé à gérer la très grande attention des médias et du public envers un leader politique national.

M. Singh soutient que même s’il est la cible de beaucoup de critiques, l’expérience n’est jamais « aussi mauvaise » que celle qu’il a vécue auparavant.

Depuis qu’il a pris les rênes du NPD en octobre 2017, M. Singh a été confronté à de nombreux défis, notamment remporter un siège à la Chambre des communes dans la circonscription de Burnaby-Sud, un financement médiocre pour le parti et un marasme ayant soulevé des questions sur ses propres capacités de leadership.

Malgré tout, le politicien de 40 ans a semblé étonnamment calme, à tout le moins en façade.

Son livre publié mardi apporte un éclairage sur son comportement.

« Il est difficile d’être sous les projecteurs, en particulier en tant que politicien, je suis donc très sensible à quiconque franchit le pas », a-t-il déclaré en entrevue.

« Je pense parfois que cela est en partie dû à mes expériences de vie. J’ai traversé beaucoup de moments difficiles. »

Parmi les « moments difficiles » auxquels il a fait référence, il y a les sévices sexuels subis à l’âge de 10 ans aux mains d’un instructeur en arts martiaux.

« M. N a lié sa perversion à ma performance (sportive), qui était ma principale motivation. Et comme les séances du week-end se poursuivaient en plus de mon entraînement hebdomadaire, je me suis convaincu que je progressais au taekwondo », écrit le chef du NPD.

M. Singh a déclaré mardi qu’il se sentait une « responsabilité » d’utiliser sa tribune de manière positive.

« J’ai pensé, que puis-je faire ? Quelle histoire puis-je raconter qui aurait réellement un impact positif ou peut-être aider les gens qui en ont besoin ? », a-t-il fait valoir.

« Peut-être que cela pourrait aider les gens à se sentir moins seuls. Peut-être que cela pourrait aider les gens à avoir le courage de s’aimer eux-mêmes et à aimer les autres parce que je sais que pour moi, être victime d’abus vous fait sentir que vous ne méritez pas le bonheur et vous cessez de vous aimer », a ajouté M. Singh.

Statistiquement, le récit de M. Singh sur sa capacité à surmonter les impacts de longue date des sévices sexuels est rare. De nombreuses victimes souffrent de problèmes de santé mentale débilitants, de problèmes de toxicomanie et de pensées suicidaires.

Le chef du NPD a déclaré qu’il avait personnellement tiré sa force de sa spiritualité, de sa méditation et de son réseau de soutien.

« C’est aussi le sujet de cette histoire », a-t-il affirmé.

« Je n’aurais pas pu y arriver seul. Je ne pense pas que quiconque le fasse tout seul… Des tas de gens, certains qui savaient que j’étais dans une situation difficile et beaucoup qui ne savaient probablement pas que j’étais un enfant quasiment anéanti, sont intervenus et m’ont aidé », a déclaré l’élu fédéral.

Le livre de M. Singh aborde également la lutte de son père contre l’alcoolisme, notamment le temps passé en cure de désintoxication et le soutien de sa famille.