Justin Trudeau ne semble pas pressé d'ajouter sa voix à celles de dirigeants comme Donald Trump, Vladimir Poutine et Benjamin Nétanyahou, qui ont félicité le président élu du Brésil, Jair Bolsonaro, pour sa victoire électorale.

« Je n'ai rien à dire sur le président », s'est contenté d'offrir le premier ministre alors qu'il entrait en Chambre pour aller enregistrer un vote, lundi après-midi.

Sa ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, avait un peu plus tôt offert les félicitations du Canada. Mais nulle part, dans la déclaration écrite qui a été transmise par son bureau, ne figure le nom du controversé Jair Bolsonaro.

Elle y salue cependant « les dizaines de millions de Brésiliennes et Brésiliens qui ont exercé leurs droits démocratiques en votant lors des élections présidentielles du 28 octobre », et conclut en disant sa hâte de « continuer à promouvoir les valeurs démocratiques et les droits de la personne ».

Celui qui prendra les rênes de la puissance économique sud-américaine a eu le meilleur sur son rival de la gauche, Ferrnando Haddad, du Parti des travailleurs, dimanche, au second tour de scrutin, avec environ 55 % des voix.

Le politicien d'extrême droite, un admirateur de la dictature militaire qui a pris fin en 1985 au Brésil, s'est fait remarquer dans le passé pour des propos racistes, homophobes et misogynes. Sa victoire a jusqu'à présent été saluée par quelques dirigeants.

Parmi eux, le président des États-Unis, Donald Trump : « J'ai eu une très bonne conversation avec le président nouvellement élu, qui a remporté la course avec une avance significative. [...] Excellent appel, je l'ai félicité ! », a relaté le locataire de la Maison-Blanche sur Twitter.

Le président russe Vladimir Poutine a envoyé un message à Jair Bolsonaro pour le féliciter de son triomphe, selon ce qu'a fait savoir le Kremlin. Le président français Emmanuel Macron et le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou ont aussi dit bravo au président élu du Brésil.

La réaction est différente ailleurs.

Chez Amnistie internationale, on est « assez effaré » de ce dénouement, car on a « peur que maintenant, des discours anti-droits humains fassent partie des programmes politiques », a soutenu Béatrice Vaugrante, directrice générale de l'organisation pour le Canada francophone.

« On est en train d'avoir des élections qui se font sur le dos de menaces et de possibles reculs des droits face à beaucoup de minorités : les LGBT, les femmes, la population noire... je pense qu'il y en a beaucoup qui en ont pris pour leur grade durant la campagne », a-t-elle ajouté.

Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, s'est aussi inquiété, dans une déclaration relayée par son bureau, des propos « homophobes, racistes et misogynes troublants » tenus par le président élu.

Une telle rhétorique « ne doit jamais être normalisée par les dirigeants politiques », et le Canada doit « exercer de sérieuses pressions pour s'assurer que le nouveau gouvernement du Brésil respecte pleinement les droits humains internationaux », a-t-il argué.