Le dissident conservateur Maxime Bernier a franchi mercredi une nouvelle étape en vue de transformer son mouvement politique en parti officiel.

Le député de Beauce serrait sous le bras un épais dossier de signatures lors de son arrivée mercredi matin aux bureaux d'Élections Canada à Gatineau, pour obtenir l'enregistrement officiel du Parti populaire du Canada (PPC).

Puisque le parti n'est pas encore officiellement enregistré, M. Bernier n'a pas à identifier pour l'instant les sympathisants qui auraient contribué pour plus de 350 000 $ à son mouvement au cours des sept dernières semaines.

Le député a déposé son dossier contenant les formulaires d'usage ainsi que les noms, les coordonnées et les signatures de 475 membres du nouveau parti. Élections Canada exige au moins 250 signatures pour soutenir l'enregistrement d'un parti, qui doit déjà s'être doté d'un nom, d'un logo, d'un chef et de plusieurs responsables.

M. Bernier soutient en fait qu'il existe 22 477 « membres fondateurs » et qu'il a recueilli plus de 350 000 $ depuis qu'il a annoncé la création du Parti populaire du Canada le 23 août. Le parti a fourni mercredi une capture d'écran de la page de dons en ligne, qui atteindraient 337 231,52 $. Les responsables soutiennent que 15 000 $ supplémentaires ont été envoyés par la poste.

Le député beauceron assure que chaque dollar a été recueilli conformément aux dispositions régissant le financement des partis politiques fédéraux, y compris des dons maximums de 1575 $ par personne. M. Bernier a déclaré que son objectif est de recueillir 3,5 millions avant les élections d'octobre prochain.

Le Parti populaire du Canada devra publier un état financier vérifié de ses actifs dans les six mois suivant son enregistrement, sans toutefois devoir divulguer comment il a réuni ces fonds. Si les documents soumis mercredi remplissent les conditions requises, le parti sera enregistré en vertu de la loi dès qu'il aura présenté un candidat confirmé lors d'une élection générale ou partielle.

Seul candidat de ce PPC pour l'instant, M. Bernier soutient que 43 associations de circonscription existent déjà en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick, en Ontario, au Manitoba et en Saskatchewan, et que d'autres réunions ont lieu cette semaine pour en créer 27 autres. Il explique que l'accent se portera maintenant sur la mise en place de l'infrastructure du parti, et qu'il consacrera moins d'énergie au recrutement de candidats d'ici janvier.

Un conflit larvé

M. Bernier a été député conservateur pendant plus d'une décennie, avec Stephen Harper, avant de quitter le parti en août à la suite d'un différend avec le nouveau chef, Andrew Scheer, principalement autour de la gestion de l'offre dans le secteur agricole. Mais l'idée de créer un nouveau parti a commencé à germer lorsque M. Scheer a défait M. Bernier dans la course à la direction du Parti conservateur en mai 2017.

M. Bernier a déclaré mercredi qu'il n'avait aucun contact avec son ancien parti - qu'il a qualifié cet été de « corrompu moralement et intellectuellement ».

« Ce que je dis aux électeurs de la Beauce, c'est que Maxime Bernier est le même gars, et c'est pas moi qui ai changé, j'ai seulement changé de véhicule », a-t-il expliqué mercredi. « J'étais dans une Lada, et maintenant je suis dans une Mercedes ou dans une Ferrari. C'est ça la différence : le Parti conservateur fait fi de ses valeurs conservatrices, et moi j'ai toujours été le même gars qui prône la liberté individuelle. »

Bien qu'il ne soit pas entièrement d'accord avec le programme du nouveau gouvernement de la Coalition avenir Québec de François Legault, M. Bernier se dit par ailleurs encouragé par le fait qu'après 60 ans d'alternance entre libéraux et péquistes, des citoyens ont été prêts à confier les rênes de la province à un nouveau parti, fondé en 2011.

Il a aussi évoqué l'élection en septembre de trois députés de l'Alliance des gens du Nouveau-Brunswick, un parti de droite créé en 2010 par des dissidents progressistes-conservateurs de cette province. « On peut créer une surprise parce que je pense que les gens sont tannés de la façon traditionnelle dont les vieux partis font de la politique », a soutenu M. Bernier mercredi.