La chute des prix du pétrole, l'oléoduc Keystone XL et les changements dans le secteur pétrolier mexicain seront au menu des discussions entre les ministres de l'Énergie de l'Amérique du Nord, lundi.

Le ministre canadien des Ressources naturelles Greg Rickford se rendra à Washington pour rencontrer ses homologues des États-Unis et du Mexique, Ernest Moniz et Pedro Joaquin Coldwell.

La chute fulgurante des prix du pétrole, aggravée par la décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) de ne pas diminuer la production, sera sans doute le sujet principal de la réunion.

La rumeur veut que les pays du continent s'unissent - une forme de cartel - pour faire contrepoids aux pays membres de l'OPEP. Les dirigeants n'en discutent pas ouvertement, préférant parler d'un «dialogue stratégique sur la coopération énergétique».

Selon M. Rickford, il y a en Amérique du Nord un véritable «marché intégré» sur le gaz et l'électricité. Lors de son passage à l'émission Question Period, au réseau CTV, cette union permettrait d'assurer la sécurité et des retombées économiques au Canada, aux États-Unis et au Mexique.

Le ministre canadien tentera d'ailleurs de démontrer l'importance du projet d'oléoduc Keystone XL auprès de son collègue américain. La Cour suprême du Nebraska, où serait construit l'oléoduc, s'est saisie du dossier. Elle devrait rendre sa décision dans les prochains jours pour déterminer s'il est de la juridiction de l'État d'approuver, ou non, le projet.

Dans des entrevues récentes, le président Barack Obama s'est montré réticent à sa construction, insistant que seul le Canada allait en bénéficier. De plus, le projet pourrait entraîner, selon lui, des conséquences négatives sur l'environnement.

M. Rickford souhaitera aussi discuter avec son homologue du Mexique, où les entreprises privées prennent de plus en plus de place dans le secteur de l'énergie.

Le gouvernement, qui avait auparavant le monopole dans ce domaine, permet désormais au secteur privé d'explorer et d'exploiter les ressources naturelles. La semaine dernière, l'industrie a fait de l'exploration dans 14 zones du Golfe du Mexique.

Certains analystes estiment que cette ouverture au privé pourrait amener des avantages, mais aussi des inconvénients au Canada.

Certes, les entreprises canadiennes pourront désormais s'implanter au pays; l'entreprise torontoise Pacific Rubiales s'est entendue avec la mexicaine PEMEX pour effectuer de l'exploration de gisements sous la mer.

Or, ce changement de cap signifie aussi que le Canada aura de nouveaux concurrents, ce qui pourrait avoir pour effet de diminuer l'attrait de projets comme Keystone XL.

«Ce nouvel intérêt de leur voisin du sud pour l'énergie pourrait détourner l'attention des Américains de (...) Keystone XL», a écrit l'Institut Nord-Sud, dans un rapport publié en janvier dernier.