Le saccage perpétré lundi soir à l'hôtel de ville de Montréal par des employés municipaux mécontents n'atténuera d'aucune façon la détermination du gouvernement à aller de l'avant avec son projet de loi 3 sur la refonte des régimes de retraite, a commenté mardi matin le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau.

«Ça ne peut pas se justifier», a fait valoir le ministre en point de presse.

Pas question donc, pour le gouvernement Couillard, de céder à l'intimidation, a-t-il réaffirmé, au lendemain du grabuge provoqué par des centaines d'employés syndiqués de la Ville de Montréal, qui ont décidé d'envahir l'hôtel de ville et vandaliser la salle du conseil devant des élus impuissants.

«Ce n'est pas comme ça qu'on fait avancer un dossier», a tranché le ministre, rappelant aux syndicats qu'ils ne devaient pas croire «qu'on va changer les choses en cassant des vitres et en bousculant des gens».

Les institutions démocratiques doivent être protégées contre les gestes de violence, a-t-il indiqué, estimant que des actes criminels ont été commis - voies de fait, intimidation, entrées par effraction - et devront être sanctionnés.

«Ce n'est pas vrai que dans une société, un gouvernement se fait intimider», a ajouté le ministre.

Sur le fond, il a dit que le moment était venu de «prendre le sujet à bras-le-corps». Tous les principes ayant donné forme au projet de loi 3 seront donc maintenus : équité intergénérationnelle, création obligatoire d'un fonds de stabilisation, pérennité des régimes, règlement à parts égales des déficits passés et indexation des pensions rendue facultative.

La remise en question par Québec de l'indexation automatique des pensions est un des points qui attisent le plus la colère des syndiqués municipaux. Or, Québec dit que le gouvernement ne reculera pas : l'indexation ne sera plus automatique, a réaffirmé M. Moreau.

Sur les modalités cependant, il a dit qu'il pouvait faire preuve de souplesse, car le gouvernement aborde ce dossier «avec une ouverture d'esprit», selon lui, contrairement à ce que prétendent les syndicats.

Les esprits s'échauffent alors que débutera mercredi à Québec la commission parlementaire chargée d'étudier dans le détail le projet de loi 3 sur les régimes de retraite des employés municipaux.

De son côté, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) s'est dissociée des incidents survenus lundi soir. En conférence de presse mardi matin à Québec, la vice-présidente de la CSN, Francine Lévesque, a indiqué que la Coalition pour la libre négociation, dont fait partie la CSN, n'est pas à l'origine du saccage. Mme Lévesque estime que ces gestes nuisent à la cause.

«C'est sûr que ce ne sont pas des événements heureux, c'est pour cela qu'on veut se concentrer aujourd'hui sur le message. Cela a un mauvais effet, c'est certain, parce que cela vient donner une image des employés municipaux qui ne correspond pas à la réalité des efforts consentis pour être capable de trouver des solutions», a-t-elle dit.

Le président de la Fédération des employés des services publics (FEESP), affiliée à la CSN, Denis Marcoux, a déclaré que cet événement était «inacceptable». Mais il a ajouté que la colère est grande chez ses membres.

«Je n'ai jamais vu un niveau de frustration aussi importante parmi les troupes», a-t-il commenté. Il trouve «odieux» que des maires tentent de renier leur signature avec une «loi d'exception» qui remet en cause des ententes négociées de bonne foi.

La CSN entend contester la loi si elle est adoptée dans sa forme actuelle, parce qu'elle porterait atteinte notamment au droit d'association et au droit à la négociation. «Ce ne sont pas des menaces en l'air», a tenu à préciser Mme Lévesque.