Le premier ministre Stephen Harper se dit prêt à discuter du transfert de la propriété des ponts fédéraux au gouvernement du Québec.

En marge d'une annonce au Nouveau-Brunswick, jeudi, M. Harper a pour la première fois évoqué publiquement la possibilité de vendre au Québec des ponts de juridiction fédérale qui se trouvent dans la province.«Oui, on est très prêt à discuter de la vente et du transfert de ces ponts fédéraux à la province», a déclaré le premier ministre.

Les ponts Champlain et Jacques-Cartier, tout comme une partie du pont Mercier, qui enjambent tous les trois la voie maritime du Saint-Laurent dans la région de Montréal, sont sous la responsabilité d'Ottawa.

«Une situation qui n'est pas normale» pour le premier ministre Harper, qui rappelle que tous les autres ponts fédéraux au pays relient deux provinces entre elles ou encore traversent la frontière américaine.

«Dans toutes les autres provinces, ce sont les provinces ou les municipalités qui sont les propriétaires et les responsables pour ces ponts», a-t-il fait valoir.

Le transfert des ces infrastructures n'est toutefois pas pour demain, a tempéré M. Harper, rappelant que la priorité pour son gouvernement est la construction du nouveau pont Champlain pour 2018.

«Évidemment, c'est une discussion sur le plus long terme», a-t-il spécifié.

Au cours des dernières années, deux gouvernements péquistes s'étaient montrés ouverts à acquérir ces infrastructures fédérales. Jeudi, La Presse rapportait que M. Harper aurait échangé personnellement des lettres avec l'ancienne première ministre péquiste Pauline Marois à ce sujet l'hiver dernier.

Radio-Canada rapportait également il y a quelques jours qu'une entente sur le transfert des ponts fédéraux avait été sur le point d'être conclue dans les années 90 entre le gouvernement péquiste de Lucien Bouchard et le gouvernement libéral de Jean Chrétien.

Couillard peu pressé

À Québec, le premier ministre Philippe Couillard a indiqué que la question du transfert des ponts fédéraux n'était pas une priorité pour le nouveau gouvernement libéral.

«Ce n'est pas une discussion que je veux qualifier de prioritaire. Ayons d'abord une discussion avant tout sur les échéanciers» de rénovation et de remplacement du pont Champlain, a-t-il dit.

«On pourra aborder d'autres questions dans l'avenir. Je ne l'élimine pas, mais actuellement ce n'est pas une priorité», a ajouté M. Couillard.

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a lui aussi accueilli avec réserve la proposition de M. Harper.

«Ça dépend des conditions, a-t-il dit. On est d'accord pour reprendre la gestion du pont Champlain, mais qui s'occupe de payer pour le mettre en ordre et qui s'occupe de prendre les conditions nécessaires pour, entre autres, qu'il n'y ait pas de péage? Je pense que c'est les conditions de transfert qui doivent être négociées. Il ne faut pas se retrouver avec le problème dans les mains. Il faut que le fédéral finance le nouveau pont, puis qu'il ne le finance pas avec des péages futurs mais avec de l'argent de l'ensemble des contribuables.»