N'en déplaise au nouveau ministre québécois des Transports, Robert Poëti, le gouvernement Harper n'a aucune intention de reculer sur la question du péage sur le futur pont Champlain, que le premier ministre décrit maintenant comme une infrastructure «locale».

Depuis sa nomination, M. Poëti a indiqué à maintes reprises que le gouvernement fédéraliste de Philippe Couillard est mieux placé que le gouvernement souverainiste de Pauline Marois pour s'entendre avec Ottawa sur cette mesure controversée.

«On vit un moment politique unique, a dit M. Poëti au journal Métro. Ce que je vois devant moi me rassure, et je sens une ouverture d'Ottawa.»

Malgré l'optimisme du nouveau ministre, Stephen Harper n'a montré aucun signe voulant qu'il s'apprête à plier, mardi. Au contraire, le premier ministre a affirmé qu'un recul sur cette question serait «injuste» pour le reste du pays.

«La réalité est ceci: le gouvernement bâtit un nouveau pont majeur local dans la ville de Montréal, a-t-il déclaré aux Communes. Nous ne faisons cela dans aucune autre partie du pays. La seule base sur laquelle nous pouvons le faire est avec la participation financière des résidants locaux.»

«Il y aura un péage sur le nouveau pont», a renchéri sans détour le porte-parole du premier ministre Stephen Harper, Carl Vallée.

Même son de cloche au bureau de Denis Lebel, lieutenant de M. Harper au Québec et maître d'oeuvre du remplacement du pont Champlain.

«Nous sommes très heureux de travailler avec un gouvernement fédéraliste à Québec, a indiqué la porte-parole du ministre, Michèle-Jamali Paquette. Cependant, la position de notre gouvernement est connue depuis longtemps sur le sujet du nouveau pont sur le Saint-Laurent.»

M. Lebel n'a toujours pas rencontré M. Poëti pour discuter du futur pont Champlain, et aucune date n'avait encore été fixée mardi matin. Le dossier n'a pas été abordé non plus lors du face à face entre

MM. Harper et Couillard à Québec, la semaine dernière.

Des conservateurs ont indiqué qu'il existe une «marge de manoeuvre», mais que la décision d'imposer un péage sur la nouvelle structure est sans appel.

L'opposition dénonce en choeur

Les partis de l'opposition ont dénoncé en choeur la position du gouvernement conservateur, qui est déjà décriée par le gouvernement du Québec, l'ensemble des élus de la région métropolitaine ainsi que les chambres de commerce de Montréal et de la Rive-Sud.

«Le pont Champlain est le pont le plus achalandé de tout le Canada, a déploré le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair. Aujourd'hui, Stephen Harper tente de diminuer l'importance de son obligation - parce que c'est un pont fédéral - en disant que c'est un pont local, comme s'il s'agissait d'un ponceau autour d'une crique.»

Le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, a abondé dans le même sens.

«C'est une infrastructure d'intérêt national, et le gouvernement devrait jouer un grand rôle là-dedans, a-t-il dit. C'est inacceptable qu'on dise qu'on doit faire un péage même avant qu'on connaisse le plan pour le pont.»

Le député du Bloc québécois André Bellavance estime pour sa part que l'élection d'un gouvernement fédéraliste à Québec ne changera rien à la «fin de non-recevoir» des conservateurs dans le dossier du pont.

«M. Poëti peut faire toutes les représentations possibles, ça va être son travail, mais je pense qu'il va trouver exactement la même fermeture de la part du gouvernement conservateur», a-t-il dit.