Une responsable haut placée de l'ONU félicite le gouvernement Harper pour ses politiques étrangères visant à mettre fin au mariage forcé, bien qu'Ottawa refuse de financer les projets qui favoriseraient l'accès à l'avortement pour les victimes.

La position du Canada, qui refuse que l'argent de la coopération soit offert aux organisations qui offrent l'avortement aux filles et aux femmes victimes de viol, lui attire certaines critiques. Mais une experte chevronnée en matière de protection de l'enfance considère qu'il y a d'autres moyens pour le gouvernement de faire une différence dans l'aide aux jeunes filles, et que cela ne diminue pas la crédibilité émergente du Canada en la matière.

«Nous tentons de tenir ce sujet hors des discussions (...) nous parlons de tout sauf de cela, pour être honnête», a affirmé Susan Bissel, directrice adjointe de l'UNICEF, en entrevue depuis New York.

Elle a qualifié l'absence de financement pour l'avortement d'«obstacle à contourner» dans les négociations et elle demande au Canada de donner l'exemple dans cette cause qui a besoin d'un porte-étendard.

Susan Bissel a rencontré les législateurs plus tôt ce mois-ci dans les bureaux de Stephen Harper et du ministre des Affaires étrangères John Baird. Elle dit avoir été frappée par leur excellente compréhension des complexités de ce problème dont les paramètres vont de l'éducation à la justice en passant par la santé.

«Le Canada est le premier gouvernement à qui j'ai parlé qui voit ces liens.»

Elle croit aussi que la récente refonte de l'Agence canadienne de développement international en ministère des Affaires étrangères aidera à renforcer l'approche du Canada.

En outre, Mme Bissel demande au Canada de faire une contribution de plusieurs millions de dollars pour combattre l'exploitation des jeunes filles. Lorsque John Baird a annoncé, durant un discours à l'ONU en septembre, que le Canada voulait se concentrer sur ce problème, sa boîte courriel a été inondée de messages positifs.

L'ONU estime à 400 millions le nombre de femmes qui se sont mariées alors qu'elles étaient enfants en Amérique latine et dans les Caraïbes, en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne. Les jeunes filles mariées sont sujettes à plusieurs types d'abus, et les risques pour leur vie décuplent pour elles et leurs bébés lorsqu'elles sont enceintes durant l'adolescence. Les complications liées à l'accouchement sont la cause numéro un des décès chez les adolescentes de 15 à 19 ans dans les pays pauvres, selon l'ONU.

Dans une entrevue de fin d'année, M. Baird a défendu le refus du Canada de financer les projets liés à l'avortement.

L'intention réelle derrière cette initiative est de s'attaquer à la source du problème, a-t-il affirmé.

«C'est comme de la prévention d'incendie. Dans votre plan de prévention des incendies, vous n'embauchez pas de pompiers. Vous faites du travail de prévention», a-t-il imagé.

Il avait peu de précisions sur ce que le Canada ferait pour combattre le problème du mariage forcé, mais des enveloppes destinées à des programmes et des représentations feront sans doute partie du plan.