Les portes du Québec étaient grandes ouvertes aux étrangers ces dernières années. Elles le seront un peu moins désormais, avec une diminution progressive du nombre d'immigrants accueillis au cours des deux prochaines années.

En 2012, 55 000 étrangers ont choisi le Québec pour terre d'accueil. C'est trop, juge le gouvernement Marois. Aussi, pour 2014, la cible fixée est ramenée entre 49 500 et 52 500, pour diminuer encore l'année suivante et se loger quelque part entre 48 500 et un maximum de 51 500 personnes.

La révision à la baisse a été confirmée jeudi par la ministre de l'Immigration, Diane de Courcy, qui a déposé son plan d'immigration pour l'année à venir.

La ministre s'engage à réduire les niveaux d'immigration, mais elle refuse mordicus de dire quel serait le seuil idéal pour le Québec, compte tenu de sa capacité d'accueil et d'intégration en français.

«Bêtement dire est-ce que c'est 48 600, 50 000, 51 000? Je ne le ferai pas», a commenté la ministre, en conférence de presse, alors qu'elle était pressée de questions sur le nombre d'immigrants que le Québec pouvait raisonnablement espérer intégrer et franciser. «Je vais répondre à cette question-là avec l'ensemble des acteurs», a-t-elle ajouté, se disant à la recherche d'un consensus social.

Une consultation publique précédera la préparation d'une nouvelle politique d'immigration destinée à revoir les orientations et à fixer les niveaux d'immigration souhaitables pour les années à venir.

En 2007, le gouvernement de Jean Charest avait augmenté de 20 pour cent le nombre d'immigrants souhaités, sous prétexte des besoins de main-d'oeuvre, sans pour autant avoir évalué si le Québec pouvait supporter une telle hausse, selon ce qu'a conclu le vérificateur général dans un rapport critique paru en 2010.

Après avoir visé un sommet de 55 000 immigrants par année de 2008 à 2011, le gouvernement libéral avait revu à la baisse cet objectif, pour fixer la barre à 50 000 admissions par année. Mais la cible officielle a toujours été dépassée: le Québec en accueillait 54 000 en 2010 et 2011 et 55 000 en 2012.

En parallèle, avec son nouveau plan d'immigration, Québec mettra un effort supplémentaire pour mieux franciser les immigrants, un objectif assorti de 13,5 millions $ additionnels, répartis sur trois ans.

Pour ce qui est de la sélection des candidats à l'immigration, Québec va privilégier les étrangers figurant dans la catégorie économique, gens d'affaires et travailleurs qualifiés. Au moins 65 pour cent du total des candidats choisis seront issus de ce groupe, espère-t-on.

La Fédération des chambres de commerce du Québec a salué ce choix gouvernemental. «Arrimer l'offre au besoin de main-d'oeuvre est une voie prometteuse pour nos entreprises, tant dans les grands centres qu'en région», a commenté la présidente, Françoise Bertrand.

Dans le même esprit, la ministre De Courcy s'engage à moderniser la Loi sur l'immigration, notamment en vue de choisir les candidats à l'immigration ayant le plus de chances de dénicher un emploi au Québec. On va donc modifier la façon de sélectionner les candidats en passant du principe «premier arrivé, premier servi» à la constitution d'une banque de candidatures permettant de mieux identifier «celles qui répondent le mieux aux besoins du Québec».

Le taux de chômage chez les immigrants est en général plus élevé que dans la population en général.

Quant aux bassins géographiques privilégiés, le gouvernement libéral avait fait passer de 37 à 31 pour cent la proportion des candidats admis en provenance de l'Afrique, principalement du Maroc et de l'Algérie. Le gouvernement péquiste maintient cette proportion.

La ministre De Courcy a soutenu que le débat sur la controversée charte des valeurs ces derniers mois, surtout axé autour du voile islamique porté par les musulmanes souvent originaires du Maghreb, ne changerait rien aux priorités établies par son ministère.

L'immigration au Québec «est diversifiée, et ça doit le demeurer», a-t-elle dit, laissant la porte ouverte aux candidats des pays du Maghreb (Tunisie, Maroc, Algérie).

À ce propos, la charte des valeurs n'a eu aucun impact sur les demandes d'immigration au Québec, selon elle, ni dans les pays musulmans, ni ailleurs.

«Les demandes d'immigration (au Québec) sont maintenues, voire en légère hausse, partout dans le monde, pas plus au Maghreb, pas moins au Maghreb», a-t-elle dit.