À la suite de l'annonce du décès de Paul Desmarais, plusieurs personnalités du monde politique ont tenu à rendre hommage à ce «grand bâtisseur».

L'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité une motion rendant hommage à l'homme d'affaires. «Le Québec perd l'un de ses plus grands bâtisseurs» avec la mort de Paul Desmarais, a déclaré la première ministre Pauline Marois.

La classe politique fédérale a aussi eu de bons mots pour l'homme d'affaires.

En Asie pour le Sommet de la coopération Asie-Pacifique (APEC), le premier ministre du Canada, Stephen Harper, a vanté par voie de communiqué le leadership et l'intégrité de l'homme d'affaires.

«M. Desmarais, un des hommes d'affaires du Canada qui a le mieux réussi, était connu pour son leadership, son intégrité, sa vision d'envergure internationale et son profond attachement à son pays. Il participait aussi activement au milieu des services communautaires, ainsi qu'à ceux de l'éducation et des arts.

«On se souviendra de M. Desmarais comme d'un chef d'entreprise unique, qui a amélioré la vie des Canadiens, par les emplois qu'il a créés et par son travail caritatif», a-t-il dit.

L'ancien chef libéral et premier ministre Jean Chrétien estime pour sa part que Paul Desmarais était un «bâtisseur» qui a su inspirer d'autres francophones à se lancer en affaires, un milieu qui a longtemps été dominé par les anglophones.

Ébranlé par la perte d'un ami, M. Chrétien a soutenu que M. Desmarais laisse un héritage de «confiance» en l'avenir.

«C'était un homme extraordinaire, un francophone de Sudbury qui est devenu probablement l'homme d'affaires francophone le plus éminent qu'on ait connu dans l'histoire du Canada. Je le connaissais depuis très longtemps. Évidemment, nos familles sont réunies. Nous partageons quatre petits-enfants», a affirmé l'ancien premier ministre, joint par La Presse en Italie.

«C'était un homme très gentil, un très bon homme d'affaires et très cultivé aussi. Il était très fier de ses origines françaises. Il était aussi très généreux au Canada, au Québec et même en France. Il a fait des contributions importantes. Ce n'était pas toujours connu, mais cela lui faisait toujours plaisir de le faire. C'était un sacré bon homme, comme on dit», a-t-il ajouté.

M. Chrétien a ajouté que le parcours de M. Desmarais représente «une histoire fantastique». «C'est une grosse perte. Il a fait une contribution colossale au Québec et au Canada. C'était un Canadien dans l'âme.»

La fille de M. Chrétien, France, est l'épouse d'André Desmarais, le fils de M. Paul Desmarais.

De son côté, Bob Rae, ancien premier ministre néo-démocrate de l'Ontario et ex-chef intérimaire du Parti libéral du Canada, a vanté les mérites économiques, politiques et personnels de l'homme d'affaires qu'il connaissait depuis une quarantaine d'années.

«Je pense surtout à l'homme, a-t-il dit. Pour beaucoup de monde, c'était un représentant d'une certaine classe. Mais pour moi, c'était un homme qui aimait la vie, qui était très généreux avec son amitié et ses conseils et c'est avant tout le souvenir que j'aurai.»

Au niveau financier, «il a insisté sur l'ouverture du Québec et du Canada sur les marchés du monde, a ajouté M. Rae. Et je crois que ça a affecté beaucoup de monde dans leur pensée». Le frère de Bob Rae, John, travaille chez Power Corporation depuis plusieurs années.

Le chef du Parti libéral du Canada Justin Trudeau a réagi par Twitter: «Triste d'apprendre le décès de Paul Desmarais - un bon ami de mon père, un entrepreneur canadien exceptionnel et un généreux philanthrope», a-t-il déclaré.

Le chef du Nouveau parti démocratique Thomas Mulcair a aussi offert ses condoléances à la famille de M. Desmarais via son fil Twitter. «Le Canada perd aujourd'hui un grand homme», a écrit M. Mulcair.

Le Bloc québécois a indiqué pour sa part que la contribution de M. Desmarais allait au-delà de son apport économique. «Dans un Québec dont les divisions socio-économiques s'entendaient à la langue parlée, il a démontré que les plus hauts sommets étaient aussi à la portée d'un francophone», a indiqué son chef, Daniel Paillé.

«Ça vaut 15 délégués à l'étranger»

Le sénateur Jean-Claude Rivest, qui était un proche conseiller de Robert Bourassa, se souvient que l'ex-premier ministre du Québec avait des conversations téléphoniques fréquentes avec M. Desmarais lorsqu'il était au pouvoir.

«Une fois, je lui avais dit : «Pourquoi tu parles à Paul Desmarais? Il est toujours en désaccord avec toi!» Il m'avait répondu: «Paul Desmarais, ça vaut 15 délégués du Québec à l'étranger.»

«Le Québec opère bien sûr auprès des grands banquiers sur le plan de ses investissements, de ses emprunts, du financement de ses grands projets, a expliqué le sénateur. Paul Desmarais était très familier avec eux et il n'a jamais hésité à aider le Québec et le gouvernement du Québec.»

Les candidats à la mairie de Montréal ont tenu à rendre hommage au grand homme d'affaires. «Paul Desmarais est un grand pionnier du monde des affaires et un grand Montréalais. Il a beaucoup fait pour le Canada, pour son rayonnement international. Pour plusieurs entrepreneurs, c'est un exemple qu'on peut aller loin quand on a une vision et une passion», a dit Denis Coderre.

«C'est un grand Montréalais et un grand homme d'affaires. Il savait quand acheter mais aussi quand vendre une entreprise. Chez Power Corporation du Canada, il a instauré une structure exceptionnelle de gestion et de gouvernance. Il fut aussi de loin le plus grand philanthrope à Montréal. Il était très discret, mais il a donné plus d'argent que quiconque», a déclaré Marcel Côté.

L'ancien premier ministre du Québec, Jean Charest, a quant à lui décrit M. Desmarais comme un «réel ambassadeur du Québec et du Canada». «Son histoire et son cheminement font de lui un leader de son siècle et de sa génération», a dit par voie de communiqué, M. Charest, aujourd'hui associé au cabinet McCarthy Tétrault. M. Charest a tenu à rendre hommage à M. Desmarais bien qu'il soit en déplacement vers Hong Kong pour un voyage d'affaires.

Le ministre de l'Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, a salué la mémoire de cet «homme d'influence important au Québec, au Canada et dans le reste du monde». «Il avait une finesse d'esprit dans la façon de faire des choix économiques importants. Il a été longtemps dans les pâtes et papiers. Il a vu venir les cycles défavorables, il s'est retiré, il est allé dans d'autres domaines énergétiques. Il a vu le marché chinois avant bien d'autres.» Le ministre Duchesne a aussi rappelé le mécénat de M. Desmarais dans le domaine des arts. «Il en a fait profiter tout le Québec, a-t-il souligné. Son siège social est toujours demeuré à Montréal. Il a toujours cru au Québec. Il y a eu toutes sortes de débats économiques et politiques, mais il a toujours cru au Québec.»

- Journalistes qui ont participé à l'écriture de ce texte: Caroline Touzin, Hugo Pilon-Larose, Joël-Denis Bellavance, Hugo de Grandpré, Vincent Brousseau-Pouliot, Martin Vallières, Maxime Bergeron, Marie Tison et Paul Journet.