La Charte des valeurs québécoises est une réponse motivée par la «peur» à un faux problème, croit le chef du Parti libéral du Canada (PLC) Justin Trudeau.

«Dans ce que j'entends, il y en a assez pour m'inquiéter. On est en train, peut-être, de répondre à des besoins qui n'existent pas», a-t-il dit hier juste avant sa première rencontre officielle avec la première ministre du Québec, Pauline Marois.

Selon lui, les institutions doivent être laïques, mais les individus qui y travaillent doivent pouvoir y porter des signes religieux ostentatoires. Si on les empêche, cela pourrait violer leurs droits fondamentaux de liberté d'expression et de religion, soutient-il.

Interdire à une personne de porter un hijab ou une kippa n'est pas «compatible avec les valeurs québécoises et canadiennes», croit-il.

En fait, il ne juge pas que la situation actuelle pose problème. «La meilleure réponse à cette inquiétude par rapport à l'autre, qui est peut-être soulignée dans cette Charte [des valeurs québécoises], c'est de souligner ce qui se passe dans quartiers ici à Québec et Montréal, où il y a une intégration des jeunes Québécois venus de toutes les parties de cette planète, qui apprennent le français, qui s'épanouissent, qui adorent le hockey, qui commencent à développer une culture tout à fait québécoise qui n'est pas en conflit avec leur culture d'origine. Pour moi, c'est la réalité moderne québécoise, qui est la meilleure réplique à cette peur que, représente cette approche défensive de la Charte des valeurs québécoises», a-t-il avancé. M. Trudeau rencontrait la première ministre Marois pour la première fois. «On n'est pas d'accord sur tout, mais nous sommes deux Québécois qui aimons énormément notre patrie, pour ne pas dire province ou pays», a-t-il lancé. Il l'a poliment nommée deux fois «ma première ministre».

M. Trudeau annonce qu'il veut travailler avec Québec et les autres provinces pour s'opposer à la réforme contestée de l'assurance-emploi et de la formation de la main-d'oeuvre du gouvernement Harper.

«Pourquoi la chicane?» demande le ministre Kenney

Par ailleurs, le ministre fédéral du Multiculturalisme, Jason Kenney, a de son côté fait part de ses inquiétudes sur le réseau social Twitter.

«Les enfants portent des symboles religieux dans les salles de classe depuis toujours, sans nuire à la cohésion sociale. Pourquoi la chicane?», a-t-il écrit en début de soirée. «Un enfant n'est pas moins Canadien parce qu'il porte une croix, un kippa, un hijab ou un turban».

À une internaute qui a lui a dit préférer «être libre de la religion» à la «liberté des religions», le politicien a répondu que l'Union soviétique et les tyrannies qui partageaient des idéologies similaires avaient essayé «d'être libres de la religion» sans grand succès. Il a ajouté le lien vers le Livre noir du communisme.

- Avec la collaboration d'Annabelle Blais